Jour 5, Sur les traces des églises et fermes traditionnelles

05 Septembre 2013

Glaumbær

Départ de l’hôtel Borgarvirki pour rejoindre le Nord-Ouest de l’Islande, dans la région de Mývatn. C’est une longue journée qui s’annonce, avec pas moins de 360 km à parcourir et de nombreuses choses à voir, entre églises et fermes traditionnelles au Sud du Skagafjörður, fjords et villages de pécheurs sur la péninsule de Tröllaskagi, pour finir par la capitale du Nord Akureyri et la majestueuse chute de Goðafoss, il y en aura pour tous les goûts…


Pas de temps à perdre, on reprend la route n°1 longeant la baie de Húnaflói, on passe Blönduós, village intéressant pour le ré-approvisionnement mais sans plus, puis on coupe la péninsule de Skagi à la base tout en continuant sur la route n°1. Au programme de cette matinée : exploration de la région au Sud du fjord Skagafjörður où se concentrent plusieurs vestiges historiques de la vie rurale et religieuse d’Islande.

La petite église de Víðimýri

Premier arrêt à l’église Víðimýri près du village de Varmahlíð, au carrefour entre la route n°1 et de la route 75. Cette charmante église en bois et à toit de tourbe date de 1834 et est dédiée à la vierge Marie et l’apôtre St Pierre. Il y aurait apparemment eu au même endroit une église plus ancienne remontant au début du christianisme en Islande (vers l’an 1000). La structure en bois est quasiment d’origine mais le toit en tourbe est fréquemment renouvelé. Pour palier au manque de bois, l’utilisation de toit de tourbe a été utilisé pendant plus d’un millénaire, jusqu’au 20e siècle où il fut remplacé par le béton. Matériaux gratuit et abondant, la tourbe s’avère être isolante et résistante. Utilisée dans de bonnes conditions (humidité et inclinaison) sa durée de vie peut atteindre un siècle !

Derrière l’église Víðimýri, on découvre un petit cimetière avec une vue magnifique sur les montagnes et dans lequel se prélasse une petite chatte enceinte, très demandeuse de caresses des visiteurs. L’église est fermée mais il est possible de voir l’intérieur, tout en bois, à travers les fenêtres. Par convention, les femmes étaient assises d’un côté de l’allée et les hommes de l’autre tandis que les notables pouvaient bénéficier des places près du chœur…


La ferme de Glaumbær

Direction ensuite la ferme de Glaumbær, en quittant la route n°1 et en empruntant la route 75, vers le fjord de Skagafjörður. Cette ferme traditionnelle à toit de tourbe transformée en éco-musée mérite vraiment le détour. Elle regroupe plusieurs bâtiments de différentes époques (18e et 19e siècles) et permet de découvrir les conditions de vie de l’époque. Dans la ferme traditionnelle du 18e siècle, on visite les différentes pièces aménagées. Les matériaux comme le bois étaient rares et généralement importés, de ce fait, les islandais étaient obligés de réaliser une grande partie de leurs fermes en pains de tourbe. Ses grandes propriétés isolantes étaient également plus intéressantes que le bois mais cela demandait un entretien constant.

À côté, se trouvent deux belles maisons en bois du 19e siècle, Gilsstofa et Áshús, représentants de bons exemples des premières constructions en bois de l’époque qui remplacèrent les habitats traditionnels en tourbe. Dans l’une se trouve une boutique de souvenirs et dans l’autre un café – salon de thé qui abrite à l’étage une exposition permanente sur la vie dans les fermes d’autrefois. Áshús fut construite à Hegranes, dans le fjord Skagafjörður entre 1884 et 1886 et fut déplacée au musée de Glaumbær en 1991. L’exposition met en avant la rude vie des populations rurales islandaises, en présentant des objets de la vie courante et l’importance des améliorations des méthodes et des techniques agricoles.

Áshús n’a pas été choisi par hasard pour le musée de Glaumbær, les quatre générations qui y vécurent furent des pionniers dans de nombreux domaines : innovations techniques en agriculture, promotion de l’éducation, notamment des filles, et des droits individuels… Gilsstofa a une histoire également mouvementée. Construite en 1849 à Espihóll dans le fjord Eyjafjördur, cette maison a été déplacée cinq fois, entre 1862 et 1997. Le bois a été transporté sur la glace, tiré par des chevaux et chargé sur des navires…

Une ferme se serait déjà tenue sur la colline de Glaumbær à l’époque des premiers colons en 800. Les bâtiments de la ferme actuelle datent de différentes époques, le plus récent remonte à 1876-79 tandis que la cuisine serait du milieu du 18e siècle. La ferme est construite à base de pierres, utilisées uniquement à la base des parois, de tourbe, positionnée de façon à créer plusieurs couches en forme de chevrons, et de bois pour la charpente et pour isoler l’intérieur de certaines pièces à vivre. De grandes constructions en tourbe étant difficilement réalisables, les fermes traditionnelles se composaient de plusieurs bâtiments séparés, reliés par un couloir central pour les pièces à vivre, les ateliers (remises, forge) étant accessibles uniquement à partir de l’extérieur.

Le couloir de Glaumbær est extraordinairement long (22 mètres) et sombre. Le sol est en terre battu et les murs nus, donnant directement sur les parois en tourbe. On remarque l’épaisseur des parois entre chaque pièce, cela était nécessaire à la fois pour la solidité du bâtiment mais également pour l’isolation. Les pièces les plus fraîches sont situées au milieu de la structure et les murs sont nus afin de maintenir une température idéale pour la conservation des aliments. On y retrouve donc logiquement les garde-mangers, la laiterie et la cuisine. Aux deux extrémités du couloir, on trouve les pièces à vivre, où de fines planches de bois recouvrent les murs et les sols afin de favoriser une bonne isolation.

Du côté de l’entrée se trouvent deux chambres d’amis tandis qu’au fond, se trouvent la « chambre du pot » utilisée à la fois comme chambre et comme salle de classe et la Badstofa. Cette pièce était la salle principale de la ferme, on y dormait, travaillait et mangeait. Le fermier, sa famille et les domestiques s’y retrouvaient, celle-ci pouvait contenir pas moins d’une vingtaine de personnes. Les conditions de vie étaient rudimentaires : les lits étaient disposés de part et d’autre de la pièce, deux personnes partageaient un lit, les femmes du côté des fenêtres car elles pratiquaient un travail manuel (filage, couture) exigeant de la lumière et les hommes de l’autre. Il y a avait très peu d’intimité, les fermiers, ou le pasteur et sa femme selon l’époque, disposaient de leur alcôve personnelle mais il n’existait aucune séparation afin de conserver la chaleur humaine. Chacun travaillait et mangeait sur son lit, dans son askur (écuelle et cuillère en bois). La nuit, une planche de bois (rumfjöll), sur laquelle une prière était gravée, était positionnée en bordure du lit, afin de maintenir la literie.


Les églises de Glaumbær et Reynistadur

Derrière la ferme se trouve une jolie église en bois datant de 1925 – 1926. Plusieurs églises en bois et au toit de tourbe se sont succédées à Glaumbær. La première source écrite se trouve dans la Saga des Groenlandais, qui relate l’exploration du Groenland et de l’Amérique du Nord par les vikings. La première église aurait été construite par Snorri Thorfinnsson, fils de Thorfinnur Karlsefni et Gudridur Þorbjarnardóttir, autour de l’an 1010. Cette famille a une renommée importante à l’époque, surtout la mère qui fut une grande exploratrice. Ils furent parmi les premiers colons Américains à donner naissance à un enfant européen sur le territoire Nord-Américain et ils connurent également le passage du paganisme au christianisme en l’an 1000 en Islande.

Pour continuer sur le thème des églises et des fermes, l’arrêt suivant se fait à Reynistadur, quelques kilomètres plus loin sur la route 75. Situées sur une exploitation agricole en activité, une ancienne ferme au toit de tourbe ainsi qu’une église en bois se dressent sur l’emplacement d’un ancien couvent bénédictin de 1295. Il ne reste aujourd’hui aucune trace de ce couvent, qui fut dissout en 1552, à la Réformation. La présente ferme date de 1758 et fut reconstruite de zéro suite à un incendie, quant à l’église, elle date de 1843. Il n’est pas possible de visiter l’une ou l’autre, la ferme se cache derrière l’église et est malheureusement un peu endommagée. La végétation a pris le dessus sur les murs et le toit en tourbe.

Après le Sud, il est temps de reprendre la route direction le Nord jusqu’à Skagafjörður puis d’entreprendre le tour de la péninsule de Tröllaskagi par la route 76, pour la deuxième partie de cette journée dans le Nord-Ouest Islandais.

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