Gand, cité flamande d’art et d’histoire

07 Avril 2016

Velos devant la gare

C’est lors de mon passage en Belgique, à l’occasion du Salon des blogueurs de voyage, que j’ai découvert la charmante ville de Gand. Cité flamande au patrimoine architectural et culturel riche, c’est également une ville agréable, de taille humaine et vivante, accessible en seulement 40 minutes de train depuis Bruxelles. Se promener dans les rues pavées du centre historique, le long des canaux de la Lys et de l’Escaut m’a vraiment conquise.

Gand se situe au carrefour historique de la Flandre. Importante cité industrielle au 12e siècle, elle vit naître les premiers mouvements syndicalistes et en parallèle devint une cité prospère et riche, un carrefour commercial grâce à son port. Son riche passé passionnant se découvre à chaque recoin de rue et s’accorde parfaitement avec une modernité assumée, menée notamment par sa population estudiantine.

Gare de Gand

La gare ferroviaire de Gand, Gent-Sint-Pieters, est assez éloignée du centre-ville mais les lignes de tramway 1, 21 et 22 desservent directement le centre historique. En sortant de la gare, on remarque tout de suite qu’on est en territoire flamand : la grande place faisant office de rond-point face à la gare est envahie par des centaines de vélos garés, mais, plus perturbant, les informations et les panneaux sont quasiment tous écrits en flamand… Cela me vaudra quelques minutes d’hésitations afin de savoir comment me rendre dans le centre-ville, où acheter mon billet et à quoi il correspond. Super, un peu de dépaysement en Belgique !


Autour de la cathédrale Saint-Bavon

Après quelques minutes, je descends à une station qui me paraît pas trop mal placée : j’ai vu juste, il s’agit de la place Korenmarket (marché aux grains) qui constitue une des portes d’entrée au centre historique. Ma promenade commence alors par la Limburgstraat, où l’on peut apercevoir la façade gothique du château de Gérard le Diable, austère demeure médiévale du 13e siècle, avec son donjon carré encadré de deux tours et niché le long de l’Escaut. Le chevalier Gérard Vilain doit ce surnom à ses cheveux et sa peau foncés, il n’en fallait pas beaucoup à l’époque !

En revenant sur mes pas, derrière le chevet de la cathédrale Saint-Bavon, des statues en bronze m’interpellent. Élevées en 1913, il s’agit d’un hommage aux frères Van Eyck, les peintres ayant réalisés le polyptyque de l’Adoration de l’Agneau Mystique, une des œuvres d’art de Belgique les plus célèbres, exposée dans la cathédrale. Les tours de la cathédrale Saint-Bavon sont en cours de restauration mais il est toutefois possible de la visiter (photos interdites et accès au polyptyque payant, environ 4€). Construite sur les vestiges d’une première église du 10e siècle et d’une église romane du 12e siècle, elle acquiert le statut de cathédrale en 1559 lors de la création de l’évêché de Gand.


Le beffroi de Gand

Après une visite rapide de la cathédrale Saint-Bavon, direction le beffroi, un des emblèmes de la ville et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Adossé à la Halle aux Draps, le beffroi de Gand symbolise la puissance des corporations Gantoises au Moyen Âge et l’indépendance de la ville. L’entrée est payante (8€) et donne accès au sommet du beffroi, haut de ses 91 mètres, en passant par différents étages faisant office de musée présentant l’histoire de l’édifice. La visite commence par la salle du « Secret » abritant jadis les privilèges et les libertés de la ville, c’est à dire une grande salle d’archive.

On emprunte ensuite un étroit escalier en colimaçon donnant accès au Musée de l’horloge et des cloches. L’horloge du beffroi, qui actionne le carillon de 54 cloches, réglait la vie des Gantois, en marquant les différents temps de la journée, mais également les jours de fêtes, les victoires etc. La première horloge mécanique fut introduite en 1380 ; le mécanisme actuel, un chef d’œuvre de technicité, date de 1913. On découvre également l’immense tambour, permettant, telle une boite à musique, d’actionner les cloches du carillon en produisant différentes mélodies.

Panorama depuis le beffroi

Quelques marches supplémentaires permettent d’accéder au chemin de guet au sommet de la tour d’où l’on a une magnifique vue sur la ville. Les premiers travaux débutèrent en 1313, la tour fut couronnée d’une flèche en bois à laquelle s’ajouta plus tard quatre échauguettes lors de l’installation des guetteurs. Ceux-ci surveillaient la ville en permanence et prévenaient la population en cas de danger. La flèche fut ensuite remplacée respectivement par une structure en fer puis une structure en pierre, telle qu’elle apparaît aujourd’hui. Une girouette en forme de dragon fut également déposée au sommet du beffroi en 1380, symbolisant ainsi le gardien des privilèges de la ville. Une ancienne version de celui-ci est visible dans la tour.


L’église Saint-Nicolas

Un passage à l’étonnant Hôtel de ville, permet ensuite d’admirer les styles architecturaux variés de ses façades, avant de continuer vers l’église Saint-Nicolas, qui n’est autre que le protecteur des marchands et des marins. L’église est libre d’accès et reflète bien la puissance et la richesse des marchands de l’époque. Le magnifique chevet de l’église, de style gothique scaldien, contraste avec la modernité de l’architecture de la Halle Municipale, datant de 2012, située à côté, où un concert se prépare. Cette église du 12e siècle donne sur le Korenmarkt, le marché aux grains, toujours aussi vivant grâce à ses cafés et ses restaurants.


Le long des quais de Graslei et Korenlei

La balade continue par le magnifique pont Saint-Michel, enjambant la Lys et offrant un panorama étonnant quelque soit où se porte le regard. En se retournant, on aperçoit les tours en enfilades de l’église Saint-Nicolas, du beffroi et de la cathédrale Saint-Bayon ; sur la droite la belle église Saint-Michel trône fièrement près du quai ; et sur la gauche, de part et d’autre de la Lys, les élégantes façades médiévales des maisons du quai aux Herbes, Graslei, et du quai au Blé, Korenlei se font face. Je décide d’arpenter celui-ci afin d’avoir une meilleure vue sur Graslei.

Korenlei & Graslei

Les nuages se dégagent et laissent entrevoir un peu de ciel bleu tandis que le soleil illumine la ville par intermittence. Timing parfait, je savoure cet instant assise au bord de l’eau, observant les somptueuses façades en face de moi tandis que gantois et touristes animent le lieu. Instant magique ! Au 11e siècle, les activités commerciales se développent autour des quais. Une taxe d’entreposage des grains est imposée et, comme toutes les importations de grains en Flandre transitent par Gand, les navires de passages doivent reverser un quart de leur cargaison. Graslei et Korenlei disposent encore aujourd’hui de nombreux édifices de l’époque, comme la maison de l’Étape qui servait d’entrepôt pour les grains ou la maison des Francs-Bateliers.


Le quai de Kraanlei et le quartier Patershol

Je poursuis jusqu’à la Burgstraat, où se trouve la maison des Têtes couronnées avec son pignon à redans représentant 14 comtes de Flandre, avant de tourner à droite pour admirer le Château des Comtes  . Flanqué en bordure de la Lys, son enceinte de pierre pourvue de 24 tours abrite un donjon du Moyen-Âge. À l’origine bâtiment militaire, il fut utilisé comme prison puis comme complexe industriel au 18e siècle avant d’être restauré puis ouvert au public au 20e siècle. On y trouve notamment le Musée de la Justice et le Musée des armes, malheureusement, la journée est bien avancée et la découverte de la ville loin d’être terminée. Je décide de ne pas le visiter par peur que cela me prenne trop de temps.

À la place, direction le quai de la Grue, Kraanlei, bordé également de belles maisons typiques, sur les rives de la Lys. Mes pas me conduisent jusqu’au quartier de Patershol , un des quartiers les plus anciens de la ville, aux ruelles pavées et petits chemins tortueux. Son histoire est mouvementée : de centre artisanal et religieux au Moyen-Âge, il fut transformé en quartier chic aux 17e et 18e siècles avant de dépérir et acquérir une réputation de coupe gorge au 19e siècle. Aujourd’hui, il est essentiellement résidentiel et est animé par les nombreux cafés et restaurants qu’on y trouve.

C’est d’ailleurs l’heure de marquer une pause. Je m’arrête au restaurant ABA-Jour, disposant d’une salle avec vue sur la Lys. L’endroit est calme, quelques tables finissent leur repas et je m’installe sur une banquette face à la grande baie vitrée. Ce restaurant propose des spécialités, dont le waterzooi, une soupe consistante et relevée de poulet, de légumes et de crème, et une impressionnante carte de bières. Je goûte bien sur à la spécialité locale accompagnée d’une somptueuse bière trappiste Isid’or.

Waterzoi & bière trappiste

De la place Vrijdagmarkt à la place Groentenmarkt

Après ma pause, je me dirige vers la place Vrijdagmarkt, le Marché du vendredi, une des plus anciennes places de Gand ayant vu maints épisodes historiques : fêtes, célébrations, mais également révoltes, bains de sang et exécutions. Au centre de la place se dresse la statue de Jacob Van Artevelde connu pour son rôle de leader des insurgés gantois contre le boycott de l’importation de la laine anglaise au 14e siècle et qui se fera assassiner chez lui par de riches tisserands.

Gand est en effet une ville fière et rebelle dans l’âme. Un des événements les plus marquants de son histoire est sans aucun doute la révolte des gantois contre l’Empereur Charles Quint voulant brider le pouvoir des villes sous son règne. Devant le refus du peuple de payer les impôts, l’empereur se déplace en personne pour appliquer une sanction rigoureuse. Toutefois, s’agissant de sa ville natale, il limite le châtiment à la destruction de certains édifices. Afin d’humilier et de rabaisser la fierté des gantois, il oblige les notables à demander pardon publiquement, en traversant la ville pieds nus, en portant une simple chemise et une corde de pendu autour du cou. Mais, cela n’empêcha pas les gantois, par la suite surnommés Stroppendragers (les porteurs de corde), de continuer à s’opposer au pouvoir et aux oppresseurs.

Gaufre a Gand

Je retourne ensuite vers le centre historique en empruntant la Langemunt, la rue des commerces idéales pour le shopping. Bref, pas trop mon truc alors je presse le pas jusqu’à la place de la Grande Boucherie, Groentenmarkt. On y découvre le magnifique marché couvert abritant la guilde des bouchers au 15e siècle. L’endroit est animé, des étudiants réalisent des croquis de la façade du marché couvert… C’est l’endroit idéal pour déguster des douceurs sucrées, mais entre les Cuberdons, des friandises en forme de cônes renfermant une crème aux framboises, et une gaufre, mon cœur balance… N’en n’ayant pas encore goûté de tout le séjour, mon choix se porte sur une délicieuse gaufre nature de Liège.


Werregarenstraatje, la ruelle aux graffitis

La journée s’achève, ainsi que ma balade à Gand. Je termine mon parcours par un passage dans la rue Werregarenstraatje, la ruelle aux graffitis. Projet à l’origine temporaire, cette ruelle constitue depuis des années le lieu privilégié des graffeurs. Le street-art se renouvelle ici tous les jours, une seule règle prime : respectez les œuvres qui sont meilleurs que vous ! On y découvre des références à la pop-culture, aux comics mais également un hommage à Bruxelles. De quoi en prendre pleins les yeux, tant au niveau des couleurs que des croquis.

Retour à Bruxelles après une journée bien remplie à arpenter les rues de la magnifique cité flamande de Gand. À ne rater sous aucun prétexte lors d’un séjour en Belgique !

Vous devriez aussi aimer :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *