Jour 7, Húsavík et les gorges de Jökulsárgljúfur

07 Septembre 2013

Départ du cottage Einishus. C’est pour l’instant le meilleur hébergement dans lequel nous ayons séjourné, tout confort, dans un endroit paisible et avec un hot-tub privatif, un petit coin de paradis ! Direction Húsavík et la péninsule de Tjörnes au Nord de la région de Mývatn suivis des gorges du Jökulsárgljúfur pour plusieurs randonnées dans un cadre naturel exceptionnel.


La ville d’Húsavík et la péninsule de Tjörnes

Húsavík est une charmante petite ville de pêche du Nord de l’Islande, accessible par la route 85. Elle est connue pour être la capitale européenne de l’observation des baleines (avec ses excursions en bateau et son musée de la baleine), mais en dehors de cette activité touristique Húsavík vit de la pêche à la morue et au hareng. Petite balade dans le centre, avec sa très belle église en bois de Norvège de 1907, puis le long du port en contrebas où sont amarrés les bateaux spécialisés pour les excursions en mer. Ces bateaux tout en bois sont magnifiques et donnent du cachet au port. Quelques maisons et restaurants également en bois complètent le tableau.

Port d'Húsavík

Le programme de la journée est malheureusement chargé et nous préférons garder du temps pour les randonnées dans les gorges du Jökulsárgljúfur plutôt que de faire une excursion en mer (durée moyenne de 3h). Il n’y a, de ce fait, par grand-chose à faire de plus à Húsavík à part ces balades. Après une courte promenade le long du port, nous repartons vers le centre-ville en longeant les maisons colorées qui surplombent la mer. À quelques kilomètres au Nord d’Húsavík, un point de vue le long de la route permet d’observer la sortie des bateaux d’excursions dans la baie et d’entrapercevoir des baleines grâce aux jumelles.

De l’autre côté de la route, une piste grimpe au sommet de la montagne Húsavíkurfjall où l’on aperçoit une antenne. Il est possible d’y accéder par un chemin de randonnée mais la piste chaotique nous attire bien… Le 4×4 est toutefois obligatoire pour emprunter cette piste caillouteuse qui grimpe en lacets sur une seule voie jusqu’au sommet, avec des sections de rampes importantes et peu de possibilités de croisement. D’en haut, le panorama est magnifique et ensoleillé : vue à 360°C sur la baie et Húsavík niché en contrebas, l’île de Grímsey au loin dans la mer, la péninsule de Tjörnes et les montagnes aux sommets enneigés derrière nous…

Panorama sur Húsavík

Retour sur la route 85 pour entreprendre le tour de la péninsule de Tjörnes. On traverse un paysage de toundra parsemé de quelques ruisseaux tandis qu’à gauche de la route, les falaises tombent abruptement dans la mer. La route redescend ensuite dans la large baie d’Öxarfjörður accueillant l’estuaire du deuxième fleuve du pays, le Jökulsá á Fjöllum, né du glacier Vatnajökull situé au Sud de l’Islande. Long de 206 km, le fleuve est situé sur la dorsale médio-atlantique traversant le pays de part en part et dont les plaques nord-américaine et eurasienne se séparent de 2 cm par an. Sur cette partie Nord du fleuve, des jökulhlaups (crues provoquées par une éruption volcanique sous-glaciaire) formèrent des gorges de 100 mètres de profondeur sur 500 mètres de largeur.


Regroupées depuis 2008 dans le parc national du Vatnajökull, les gorges du Jökulsárgljúfur constituent un espace naturel incroyable à travers d’étonnantes formations géologiques et où l’on peut observer les plus puissantes cascades d’Islande. Le parc compte de nombreuses randonnées, situées sur la rive Ouest des gorges et plutôt bien décrites sur le site internet, qui fournit même une carte. Deux routes parcourent le parc du Nord au Sud, de part et d’autre du canyon : la F862 à l’Ouest permet d’accéder aux sites de camping et aux départs des chemins de randonnée (elle est asphaltée et classée « Route » sur 20 km sur la partie Sud entre Dettifoss et la route n°1), et la F864 à l’Est, moins agréable mais plus accessible aux voitures de tourisme.

A l’ouest des gorges du Jökulsárgljúfur

Direction le centre du parc, pour la première randonnée de la journée. La route 862 conduit en une trentaine de minutes sur un chemin poussiéreux au camping de Vesturdalur, qui offre une aire de repos parfaite pour un pique-nique. Malheureusement, ces derniers jours au cottage Einishus près de Mývatn ont sacrement entamé les réserves de nourriture et il ne reste que les choses les moins appétissantes, comme un saucisson de foie ou un pâté ressemblant à de la nourriture pour chien, ainsi que du pain moisi… 

Avec le ventre plus ou moins rempli, nous partons pour le circuit de Hljóðaklettar suivi par celui de Rauðhólar (2h au total). Le chemin longe les gorges et serpente dans un chaos de roches basaltiques, sculptées par la lave et d’une immensité hors normes. La première formation rocheuse assez singulière porte le nom de Tröllið, le « troll ». Les coulées basaltiques ont créé d’imposantes colonnes et roches plissées en forme de nids d’abeilles et de rosaces… Il est étrange de voir ces roches basaltiques positionnées de manière horizontale et non verticale (formant les célèbres orgues basaltiques). Concentrées dans une cuvette, ces formations rocheuses assez élevées produisent un étrange phénomène d’échos, d’où son nom les « rochers aux échos ».

En contrebas, le Jökulsá á Fjöllum s’écoule impétueux et ses rives abondent d’une végétation basse, donnant un peu de verdure autour de ces rochers gris. Après avoir dépassé la grotte en forme de voûte d’église, le circuit de Hljóðaklettar bifurque à gauche pour retourner au parking, mais il est possible de continuer tout droit, en direction de Rauðhólar, un promontoire de cendre noire et rouge. Le chemin s’élève alors le long d’une pente boisée jusqu’au sommet de ces collines rouges, d’où le panorama sur le canyon est exceptionnel. Le retour se fait par un chemin descendant en pente douce du côté Ouest du site.

Panorama sur Vesturdalur

Au nord des gorges du Jökulsárgljúfur

La journée se poursuit par une balade dans le canyon d’Ásbyrgi, après avoir rebroussé chemin sur la piste 862 et après une courte halte ravitaillement à la station-service. Le site d’Ásbyrgi s’étend sur 3,5 km du Nord au Sud pour 1 km de largeur et constitue un canyon verdoyant en forme de fer à cheval. L’histoire raconte qu’il s’agirait de l’empreinte du sabot de Sleipnir, le cheval volant du dieu Odin, d’où son nom, la « forteresse des Dieux ». Plus scientifiquement, le canyon aurait été formé par un jökulhlaup. Plusieurs randonnées permettent de découvrir le site, au fond du canyon ou au sommet des falaises.

Notre choix se porte sur une petite balade d’une heure au fond de la cuvette, cachant un somptueux oasis de verdure. Les falaises s’élèvent à 100 mètres d’altitude et protègent une forêt de bouleaux. Après un court passage dans les sous-bois, la température se rafraîchie et le chemin débouche sur un petit étang d’un vert turquoise envoûtant, le Botnstjörn, lové contre la falaise. Cet endroit paisible est devenu le sanctuaire de nombreux oiseaux, nichés dans les parois des falaises, on en croise même sur les abords des chemins. Un petit sentier grimpe vers la paroi Ouest de la falaise et un promontoire rocheux permet de surplomber la forêt afin de bénéficier d’une vue plongeante sur l’étang et le canyon d’Ásbyrgi au loin.


Les chutes d’eau à l’est des gorges du Jökulsárgljúfur

Pour terminer la journée, direction la rive Est des gorges du Jökulsárgljúfur pour découvrir trois chutes d’eau impressionnantes, Hafragilsfoss, Selfoss et Dettifoss, la plus puissante d’Europe. La question se pose souvent d’emprunter soit la F862 à l’Ouest soit la F864 à l’Est. Les points de vue sur les chutes sont effectivement différents mais à priori, les deux se valent (bien que nous ayons testé uniquement la rive Est) : l’arrivée sur Dettifoss de la rive Ouest est plus impressionnante car la vue est plongeante et de face, en revanche, pour Hafragilsfoss et Selfoss les vues sont plus jolies de la rive Est. Bien que plus accessible aux voitures de tourisme pour rallier le Nord au Sud, la F864 est toutefois très désagréable : le sol est totalement ondulé ce qui rend le voyage plutôt désagréable…

Piste F864

Premier arrêt à la chute Hafragilsfoss, où une petite avancée directement accessible par la piste permet de l’observer d’en haut de la falaise, ou bien de l’approcher par un chemin de randonnée. Haute de 27 mètres, elle se jette d’un seul tenant dans les gorges du Jökulsárgljúfur. Située sur la zone de cratères de Rauðhólar, Hafragilsfoss est entourée de ces superbes collines et cônes de scories rouges. Bien que située 2 km en amont, on aperçoit déjà le nuage d’embrun dégagé par Dettifoss…

La piste continue vers le Sud pour atteindre le parking de Dettifoss et Selfoss. Pour admirer ces chutes, il faut s’y rendre à pied par un chemin descendant au plus près du Jökulsá á Fjöllum. Le vrombissement de Dettifoss se fait déjà entendre alors qu’elle n’est toujours pas visible, se cachant derrière les rochers gris bordant la rive du fleuve. En 10 minutes de marche, on atteint la cataracte. La puissance de la chute d’eau est impressionnante : 200 m3 d’eau par seconde s’abattent avec fracas du haut des 44 mètres, soulevant des embruns énormes visibles à plus d’1 km de distance et inondant la rive Ouest des gorges. Pour ceux ayant vu le film « Prometheus » de Ridley Scott (2012), il s’agit là du même point de vue qu’une des premières scènes du film. On peut même la rejouer sans difficulté car aucune barrière n’existe, en revanche, le vaisseau extra-terrestre n’est pas là… S’étirant sur 100 mètres de large, Dettifoss se déplace chaque année d’un demi-mètre vers le Sud, creusant ainsi un peu plus le canyon.

En continuant le long de la rive vers le Sud, on atteint la chute d’eau de Selfoss, moins puissante mais beaucoup plus charmante. De multiples filets d’eau s’engouffrent dans les failles de la roche pour tomber en un large arc de cercle, comme un rideau. Le paysage gris et minéral de Selfoss et Dettifoss s’efface petit à petit, éclairé par une lumière rose diffuse provenant des derniers rayons du soleil cachés par le ciel voilé…

Direction Grímsstaðir au Sud près la route n°1. Le paysage s’aplanit à perte de vue et une tempête de sable au loin cache l’horizon… Grímsstaðir est une ferme proposant un hébergement en Guesthouse ou en Bed & Breakfast. En B&B, Siga reçoit ses hôtes dans sa propre maison où l’ambiance est très chaleureuse. Rencontre de deux canadiens et discussion autour d’Askja, l’étape du lendemain, avec le mari de Siga et son amie qui nous expliquent comment passer les gués sans danger…

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4 Commentaires

  1. Absolument sublime ! quel beau carnet de voyage

    1. L’Islande est un pays fabuleux, on se prendrait presque pour un photographe professionnel quand on voit le résultat, mais en fait, c’est encore plus beau en vrai 🙂

  2. superbe description d’une chouette expedition ! je me demandais si on pouvait faire tranquillement le trajet de Myvatn à Husavik par la route 862, je vois que oui, avec même trois jolies rando ! j’ai un peu de mal à apprehender le temps de parcours des routes non goudronnées…

    1. Merci, oui il y a effectivement de très belles randos de ce côté des gorges. Attention néanmoins si vous voulez parcourir la F862 dans sa totalité car elle est assez longue (53 km) et les temps de parcours ne sont pas négligeables, la piste est chaotique et nous avons fait en moyenne du 30 km/h pour seulement une dizaine de kilomètres. Je ne sais pas dans quel état est la piste plus au Sud de Vesturdalur. Pour les temps de parcours sur des routes non goudronnées cela dépend vraiment de l’état de la piste et du véhicule, nous sommes montés à 70km/h sur la piste d’Askja, sur les parties gravillonnées !

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