Jour 6, une journée dans la peau d’un trappeur

30 Janvier 2016

Pystynlampi

Pour cette fin de séjour, la journée est plutôt tranquille avec un programme allégé : on découvre la vie des trappeurs finlandais, avec l’apprentissage de quelques rudiments de survie en milieu polaire l’hiver, avant de finir par la visite d’une ferme de rennes.

Rendez-vous à 10h devant l'auberge et départ en mini-bus pour le départ d’une petite randonnée. Un camp de trappeur Sami a été construit prés du chenil et sert de base pour la présentation des différents rudiments de l’activité d’un trappeur. On le rejoint par une marche d’une heure trente à travers la nature, afin de nous rappeler ce que le guide, Thomas, nous a appris sur la faune et la flore tout au long du séjour et nous expliquer également la vie de trappeur. Raquettes aux pieds, on s’enfonce pour une dernière fois dans la forêt du parc naturel d’Hossa.


Le trappeur d’hier et d’aujourd’hui

Au son des explications de Thomas, avec les pieds dans la poudreuse et une neige fine tombant sur nos visages, on découvre la vie rude et solitaire des trappeurs, ces hommes vivant de la vente de peaux de bêtes. Cette activité a aujourd’hui quasiment disparue face au recul de certaines espèces et à des réglementations renforcées. La trappe se différencie de la chasse à plusieurs niveaux : les fourrures sont vendues non abîmées et l’animal est piégé et non tué par une arme à feu ou des flèches. La période de trappe correspond aux mois d’hiver, pendant lesquels les fourrures des animaux sont les plus fournies et les plus belles. Pendant plusieurs mois, le trappeur arpentait seul de grands espaces sauvages, posant des pièges et dormant dans des refuges ou des abris de fortune.

Niskaselkä

En écrivant cet article, je ne peux m’empêcher de penser au film d’Alexandro Gonzalez Inarritu, « The Revenant », qui raconte l’histoire d’un trappeur grièvement blessé par un ours et laissé pour mort par ses coéquipiers, dont l’histoire est tiré d’un livre (« The Revenant : A Novel of Revenge » de Michael Punke) et de faits réels… à lire ou à voir si le sujet vous intéresse !

Dans la taïga, on trouve de nombreux animaux sauvages chassés pour leur fourrure : ours, renards, gloutons, loups, lapins et lynx. Chaque trappeur agit sur un territoire donné et doit contrôler les espèces qui y vivent afin de ne pas contribuer à leur élimination. Bien que l’élan ne soit pas un animal recherché pour sa fourrure, il est activement chassé en Finlande tous les automnes. Avec une population d’environ 100 000 élans et des prédateurs, notamment les loups, de plus en plus rares, il devient important de contrôler leur présence sur le territoire finlandais. Les quotas de chasse octroyés chaque année correspondent au nombre de naissance, soit entre 35 000 et 50 000 élans ! Nous ne verrons cependant aucun animal, seulement quelques traces de renards et de rennes, qu’on apprend à reconnaître : le renard a de petites pattes et marche en ligne droite tandis que les sabots du renne sont très visibles dans la neige.

Puis, on arrive près d’un lac et là, ultime question que tout le monde se pose depuis le début : comment sort-on d’un lac si on passe à travers la glace ? Le corps, au contact de l’eau gelé, va subir un choc provoquant engourdissement, hyperventilation et vasoconstriction des artères. Il faut alors agir vite pour éviter l’hypothermie, arriver à sortir de l’eau glacée. On peut utiliser deux piolets à planter dans la neige et se hisser hors de l’eau, ou à défaut poser les avants bras et attendre quelques minutes que les vêtements mouillés gèlent sur la neige et accrochent. Il est important de toujours sortir du côté où l’on est entré car on est sûr de la solidité de la glace. Il faut ensuite vite se déshabiller, essorer comme on peut les vêtements et les remettre, car même humide les vêtements procurent une bonne isolation. Enfin, il faut trouver le moyen de se réchauffer, en faisant un feu et en bougeant énergiquement… Bref, bien entendu, il n’y aura pas de démonstration mais cela est toujours rassurant de connaître les bases !


Pêche et pièges au camp trappeur

Petit point ensuite sur les Sames (et non les Lapons, qui est un terme péjoratif), sur leur histoire et leur intégration à la société finlandaise. Premier peuple originaire des hautes latitudes boréales, ils vivaient de la pêche et de la chasse et entretenaient un lien étroit avec la nature. Aujourd’hui, ils luttent pour la préservation de leur culture, pour leur terre et leurs droits et disposent d’un parlement propre en Norvège, Suède et Finlande, le Sameting.

Au camp de trappeur, une tente samie traditionnelle a été dressée avec un foyer au centre et un autre à l’extérieur, les deux à allumer par nos soins cette fois. On récupère du bois sous l’abri et, avec du petit bois et de l’écorce (astuce : l’écorce de bouleau brûle très bien) on dispose un foyer au centre. Malgré tous nos efforts pour allumer le feu avec des pierres à feu, nous n’arrivons à produire que des étincelles… Ce n’est qu’une fois que Thomas rajoute du coton que les étincelles se transforment en flammes.

Au repas de ce midi : deux filets de truites fumées. Thomas les disposent dans un caisson en métal pour les faire cuire et pendant ce temps-là, on se dirige tous vers le lac pour s’initier à la pêche sous glace. Oui, on fait les choses un peu à l’envers mais apparemment, il est très rare d’arriver à pêcher un poisson sous glace. Pour faire le trou, il faut forer la glace sur bien 50 cm d’épaisseur à l’aide d’un forer à tourner manuellement. C’est long et heureusement qu’on se relaye ! Vient ensuite le temps de la patience, pêcher avec de petites cannes à pêches…. Mais bon, la patience n’est pas mon fort alors avec Evelyne, on s’occupe de finaliser la surprise de Lucas, qui fêtait son anniversaire la veille.

Déjeuner sous la tente au chaud pour un moment très agréable : truite saumonée et carottes au curry, hum, un régal. Le poisson a un bon goût fumé. Pour le dessert, Evelyne dresse sur les gâteaux les traditionnelles bougies et on offre la carte signée par tout le groupe à Lucas. Celui-ci ne s’y attendait vraiment pas ! Après mangé, démonstration des différents pièges utilisés par les trappeurs : à mâchoires, à collet, à bascule jusqu’à la cage.

Puis, direction le chenil pour une dernière explication sur son fonctionnement. Cela nous permet également de retrouver nos fidèles compagnons des premiers jours, pour ceux qui ne sont pas partis en raid traîneaux avec d’autres groupes. Je retrouve avec plaisir Woody et Arko, Puppy et Even étant à priori absents.


Visite de la ferme aux rennes

Un mini-bus nous ramène à l'auberge vers 15h45. La journée activité est terminée et on dit au-revoir à notre super guide, Thomas, que l’on retrouvera le soir au dîner. Pour ceux qui le souhaitent, il est possible d’aller visiter une ferme de rennes située à quelques kilomètres , avec dépose en mini-bus et retour à pieds. Tout le groupe est motivé pour s’y rendre. Nous sommes accueillis par le propriétaire, très discret et parlant quelques mots d’anglais. Il nous fait entrer dans l’enclos des rennes.

Il est 16h et la luminosité est très basse, ce qui est dommage car cela devient vite compliqué de faire des photos de ces impressionnants animaux qui bougent sans cesse. On les nourrit avec des graines et du lichen, on s’aperçoit qu’il y a des caractères plus trempés que d’autres, qui n’hésitent pas à donner des coups de bois. D’ailleurs, il faut faire attention car les bois des rennes sont si grands et tortueux qu’on a vite faire de s’éborgner avec… Il est possible de poser des questions à l’éleveur mais il est tellement discret que sa timidité contamine tout le monde. La visite se poursuit dans la boutique, qui ressemble d’ailleurs à une vitrine de cocktail scandinave, où un film documentaire en français d’une dizaine de minutes est projeté, présentant le métier d’éleveur de rennes en Finlande. Après un petit tour à la boutique et le paiement de la visite (10€, il s’agit de la seule activité optionnelle en plus du séjour), il faut rentrer à l’auberge.

La visite vaut le coup car cela permet d’approcher au plus près des rennes, que nous n’aurons pas vu ailleurs de la semaine, mais le contenu est assez succinct. C’est dans une nuit noire que nous rentrons à l'auberge et par une marche de 30 min le long de la route, pas vraiment terrible pour finir le séjour, nous qui avons passé 5 jours dans la nature la plus sauvage !


Epilogue…

Vue depuis l'auberge

Dernière soirée à Hossa. On en profite pour faire quelques photos souvenirs. Puis, il faut rendre l’équipement grand froid et préparer les valises. Après un dernier sauna à l’appartement, nous retrouvons les membres du groupe pour un apéro, on s’échange nos mails et on fait le débriefing de la semaine. Thomas nous rejoint (en dehors des activités, les guides ne se mêlent pas trop aux groupes). Puis, au dîner, ce sera rennes à la sauce aux airelles, purée. On finit la soirée par des parties de billard et un traditionnel digestif, mais, l’unique bouteille de Jaloviina est terminée. Ah désolation !

Le lendemain sera une longue journée de retour, semée d’embûches. En plus des trois heures de bus pour rallier l’aéroport d’Oulu, à environ 3h de route, des problèmes techniques sur l’avion nous empêcheront de décoller dans les temps, nous obligeant à dormir à Helsinki et à avoir une journée de retard.

Malgré ces derniers inconvénients, ce séjour en Finlande fut vraiment une superbe découverte, tant au niveau des paysages et des activités, que des rencontres humaines réalisées. On en gardera de merveilleux souvenirs, c’est sûr et cela me donne encore plus envie d’y retourner, pour un raid en traîneau beaucoup plus long.

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