Jour 14, le long de la Þjórsá

14 Septembre 2013

Vallée de Gjáin

Il est temps de quitter le Landmannalaugar pour la dernière étape du voyage, à Hveragerdi prés de Reykjavík, en passant par la vallée de la Þjórsá. Cette vallée regorge de coins splendides : cascades, gorges et plateaux verdoyants. Ce n’est pas par hasard que les premiers colons s’y installèrent. Au fil de la route (et des pistes), nous découvrirons donc plusieurs cascades et des vestiges des premiers habitants de l’île.


Après avoir traversé le gué à l’entrée du site du Landmannalaugar, on emprunte la route 208 en direction du Nord. Cette route sans gués peut théoriquement être empruntée par des voitures de tourisme voulant accéder au Landmannalaugar. Toutefois, elle est beaucoup moins spectaculaire que la piste F225. Caillouteuse et cahoteuse, la route 208 n’est pas très agréable et les paysages sont plus monotones. Elle longe des lacs et traverse de grandes steppes vertes tandis que les reliefs rhyolitiques sont définitivement perdus de vue, dans notre dos. De grands pylônes électriques jalonnent la route et gâchent d’autant plus le paysage. On passe à côté de la grande station hydroélectrique de Sigöldustöd avant d’arriver au croisement avec la route 26.

Les chutes d’eau Háifoss et Granni

Au bout de quelques kilomètres sur la route 26 en direction du Sud, un embranchement sur la droite vers la route 32 mène à la vallée de la Þjórsá. Cette rivière, s’écoulant sur 230 km et qui signifie « rivière du taureau », est la plus longue du pays. Depuis le Vatnajökull jusqu’à l’Atlantique, ce cours d’eau crée une multitude d’affluents et de cascades sur son chemin. La Þjórsárdalur est aussi connue pour être une des régions d’habitation des premiers colons. Plusieurs sites d’habitat sont encore ensevelis et conservés sous les cendres de l’éruption de 1104 projetées par l'Hekla.

La météo s’est gâtée et il pleut depuis notre départ du Landmannalaugar. On décide donc d’accéder aux sites directement par les pistes, c’est là l’avantage d’avoir un 4×4 ! Après une petite erreur d’aiguillage, on emprunte une piste chaotique, la F332, en direction de la cascade d’Háifoss, la deuxième plus haute chute du pays (122 mètres). Le parking conduit à un sentier surplombant la gorge d’où jaillissent en définitive deux belles cascades tombant avec fracas dans une eau bleutée.

La rivière Fossá, un affluent de la Þjórsá, s’écoule sur un grand plateau verdoyant avant de chuter dans cette étroite vallée. Háifoss est la chute d’eau la plus haute tandis que derrière elle se trouve Granni, l’autre cascade résultant d’une séparation du cours d’eau en deux sur le plateau. Le spectacle est magnifique et les couleurs irréelles. De là, part une randonnée d’environ 10 km vers la ferme de Stöng (le prochain arrêt), longeant la vallée de la Fossá, mais elle n’est pas prévue au programme. Il est déjà 14h30 : arrêt pique-nique rapide avec vue sur les chutes d’eau, la pluie et le vent viendront vite abréger cette pause.


La ferme de Stöng et la gorge de Gjáin

On repart sur la F332, puis, juste avant de revenir sur la route principale, une piste sur la droite indique la direction de la vallée de Gjáin et la ferme de Stöng. Le voyage touchant à sa fin et désireux de profiter encore de ce côté « aventurier » en empruntant des pistes chaotiques, on choisit de délaisser l’asphalte de la route 32 pour la F327. La piste est caillouteuse et sableuse, un régal !

Après quelques kilomètres, un panneau indique une bifurcation vers Gjáin mais nous préférons poursuivre jusqu’à Stöng et rejoindre la vallée à pied. Puis, juste avant le parking, un gué très caillouteux est à franchir. Dominant la rivière Fossá, un long toit rouge apparaît derrière la végétation : la ferme de Stöng. Cette structure moderne a été construite en 1957 pour protéger les fondations de la ferme datant du 10e siècle. Le viking Gaukur Trandilsson, apparaissant dans la Saga de « Njáll le Brûlé », y aurait vécu avant qu’elle soit abandonnée et recouverte de cendres en 1104 par l’éruption de l'Hekla. Celle-ci causa la destruction de vingt fermes dans la vallée de la Þjórsá.

Le site fut fouillé en 1939 par l’équipe de l’archéologiste danois Aage Roussell. Le programme de recherche de Þjórsárdalur fut le plus important du 20e siècle. Il s’agissait en effet des premières fouilles archéologiques menées en Islande, qui permirent de découvrir cinq autres fermes et d’employer de nouvelles techniques scientifiques. À l’intérieur, on découvre les restes des fondations de la ferme de Stöng, avec la grande salle, le stofa (la pièce à vivre) et sur le côté, deux petites pièces : le garde manger et les toilettes. Une forge, une étable et une église furent également découvertes à côté.

Du site de Stöng, un chemin balisé mène en 30 minutes à la gorge de Gjáin. Après avoir longé la rivière à travers un paysage vallonné recouvert d’arbustes, le chemin débouche dans un oasis de verdure magnifique entouré de coulées de lave aux formes étranges. Une petite cascade s’écoule dans un bassin puis continue sa route en sillonnant entre les coulées de lave. Le site est fait de coins et de recoins, de grottes, d’alcôves et d’arches, de monticules crées par la roche volcanique. Au milieu de cet imbroglio de roches torsadées et plissées s’écoule la Fossá, tandis qu’autour, la végétation a repris ses droits et offre un somptueux dégradé de vert et d’orange. Le chemin balisé se poursuit au-delà de la rivière mais nous ne savons pas où il mène et il n’est pas possible de traverser sans enlever les chaussures. Nous rebroussons donc chemin jusqu’à la ferme de Stöng.

Gorge de Gjáin

La ferme de Þjóðveldisbær et la cascade Hjálparfoss

L’après-midi se poursuit en direction de la cascade Hjálparfoss, mais un arrêt imprévu à Þjóðveldisbær permet de découvrir la reconstitution de la ferme de Stöng. C’est en 1974, à l’occasion du 1100 anniversaire de la colonisation Islandaise, que cette ferme médiévale fut construite. Þjóðveldisbær, qui se visite uniquement l’été (début Juin à fin Août), est construite selon les plans exacts de la ferme de Stöng et sur les connaissances des types d’habitat médiéval en Islande. L’aménagement intérieur a été déduit des vestiges découverts à Stöng et présente des objets de la vie quotidienne ainsi que les pratiques d’artisanat médiévale.

Site de Þjóðveldisbær

À côté de la ferme a également été reconstruite l’église découverte à Stöng. En bois debout et au toit de tourbe, typique des chapelles médiévales islandaises, elle date probablement du 11e siècle. Elle est vraiment toute petite et mignonne, entourée de son muret en pierre recouvert d’herbe. La forme de la ferme de Þjóðveldisbær tranche également radicalement avec les fermes plus récentes du 19e siècle, comme celle de Glaumbær. Sur celle-ci, il n’y a pas de fenêtres et les différentes pièces sont organisées autour d’une grande salle commune. Il est dommage que le site soit fermé en Septembre car cela donne envie d’en savoir plus sur les constructions Vikings.

Un peu plus loin sur la route 32, nous terminons la journée par la cascade Hjálparfoss, au final beaucoup moins impressionnante que toutes celles qu’on a vu. Une petite route et un parking conduisent directement au pied de la chute d’eau. Hjálparfoss dévale en une double cascade une petite falaise d’orgues basaltiques.


Soirée à Hveragerdi

Direction Hveragerdi pour rejoindre le guesthouse où nous passerons notre dernière nuit. Le trajet est bien monotone, on se lasse déjà de l’asphalte et de la conduite facile… On voit qu’on se rapproche de la civilisation à la traversée de Selfoss, plus grande ville du Sud de l’Islande.

Les fumerolles qui s’échappent de la ville annonce l’arrivée à Hveragerdi. Le guesthouse Frumskogar  est sympathique. Il affiche complet ce soir-là et propose des chambres avec salle de bain commune ou des studios. En revanche, aucune possibilité de manger sur place ou de cuisiner (pour ceux qui sont en chambre). Direction l’hôtel Ork un peu plus loin qui dispose d’un restaurant assez chic. Un dîner dansant est organisé dans la salle de bal à côté du restaurant et c’est le défilé des costumes et robes de soirée. On ne fait pas les malins avec nos chaussures de marche et nos vestes de montagne… Au moins, c’est festif ! Au menu : gigot d’agneau fondant ou filet de cabillaud et en dessert gâteau au chocolat et crème glacée maison, hum, un régal ! Les plats sont délicieux mais, comme à notre habitude, on arrosera ce dîner d’une bière Gull, ne sachant pas trop quoi prendre d’autre.


Retour au guesthouse pour tester le hot-tub où il n’y a personne. L’eau est à 40°C et c’est très agréable et délassant. À côté du hot-tub, le steam bath est vraiment très chaud, il est alimenté par les sources chaudes de la ville. La soirée se termine ainsi sur une agréable note de détente et de bien être.

Vous devriez aussi aimer :

2 Commentaires

  1. Il ne faut surtout pas manquer les lacs de Blahylur et Ljotipollur apres le Landmannalaugar le long de la F208 à 2mn à l’écart !
    Spectacle garanti…

    1. Merci Claude pour ce conseil. Le Landmannalaugar est tout simplement splendide, j’espère avoir l’occasion d’y retourner l’explorer plus en profondeur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *