Jour 2, le Cercle d’Or : Þingvellir, Geysir et Gullfoss

02 Septembre 2013

Vue sur l'Almannagjá et Öxarárfoss

Premier petit-déjeuner en Islande à l’appartement de Reykjavík. Départ vers 9h30 pour le Cercle d’Or, ce circuit touristique regroupant trois sites symboliques à proximité de Reykjavík : le parc national de Þingvellir, le site géothermique de Geysir et la cascade Gullfoss. Heureusement que le GPS est là pour indiquer le chemin car la carte et les panneaux de signalisation n’auraient pas suffit pour sortir de la ville sans se perdre.


Pour rejoindre Þingvellir, on emprunte la route 325 recommandée par le Guide Vert. Une fois engagée sur cette route, les paysages se dessinent et il n’y a plus personne autour de nous. Au détour d’un virage, un pipe-line apparaît sur la gauche de la route en longue ligne droite. On traverse une lande herbeuse et vallonnée à perte de vue, aucun arbre à l’horizon, seuls des rochers noirs et gris ainsi que des mottes d’herbes vertes et brunes dessinent le paysage. Au loin, des montagnes se découpent et par endroit des fumées blanches s’échappent à leurs pieds… Après avoir traversé cette plaine, la route serpente pour s’élever en hauteur avant de redescendre dans une vallée étroite. Le paysage est majestueux, déchiqueté, des fumerolles s’échappent de la centrale géothermique de Nesjavellir. La route continue ensuite le long de la rive Ouest du lac Þingvallavatn.


Le Parc National de Þingvellir

Arrivé à Þingvellir, haut lieux touristique et cela se voit : cars touristiques et afflux de visiteurs (comme cela sera le cas sur les autres sites du Cercle d’Or d’ailleurs). Le Parc National de Þingvellir, fondé en 1930, est à la fois un important site historique, berceau de la culture nationale, et un impressionnant site naturel, à cheval sur deux plaques continentales. L’Islande, bien que découverte par des moines Irlandais au 8siècle, ne fut vraiment colonisée qu’entre 870 et 930 par des vikings Norvégiens. Organisés en petites colonies littorales, ces premiers colons fondèrent l’Alþing, le plus vieux parlement du monde, en 930 et l’établirent à Þingvellir. Tous les ans, les chefs des communautés s’y rassemblaient, débattaient des nouvelles lois et réglaient les différends judiciaires etc. Le site de Þingvellir fut choisi pour sa topographie : une falaise avec un promontoire permettait de discourir face au peuple, plus bas dans la plaine.

De la plateforme du centre de documentation, situé en haut de la faille d’Almannagjá, on peut profiter d’un beau panorama et apprécier la spécificité topographique du lieu. Situé le long de l’axe de la dorsale médio-atlantique, le parc national s’étend dans un bassin d’effondrement marquant le mouvement de l’écorce terrestre. L’écartement entre les deux plaques eurasienne et nord-américaine est en moyenne de 5 mm par an. De nombreuses failles strient le paysage en direction du lac Þingvallavatn mais la plus impressionnante est celle d’Almannagjá, la « gorge des Anciens ».

Point de vue sur le lac Þingvallavatn

La pluie commence à tomber et de gros nuages gris s’étendent jusqu’à l’horizon. La journée sera ponctuée de longues averses espacées de quelques accalmies. Ce sera l’occasion de tester notre matériel imperméable. Constat : les mains et les gants sont vites trempés et les ranger dans les poches s’avère une mauvaise idée car l’humidité s’infiltre ensuite par le fond des poches, le poncho est inefficace en cas de vent et les appareils photos prennent leur première journée d’humidité…

Þingvellir peut se visiter de plusieurs façons, de nombreux chemins le parcourent et il est possible de réaliser de petites balades d’une heure ou deux. Au départ du centre de documentation, le chemin longe la faille d’Almannagjá, impressionnante par sa longueur, jusqu’à la rivière Öxará. On découvre le Rocher de la Loi, le Lögberg, le point central de l’Alþing où étaient récitées les lois par le Diseur de Loi, surplombant la plaine où la Lögrétta, l’assemblée législative du Parlement, établissait les lois.

Puis, on arrive à Drekkingarhylur, le point le plus tumultueux de la rivière Öxará où étaient noyées les femmes ayant commis un adultère, un infanticide ou un parjure. Les hommes, eux, étaient décapités, brûlés ou pendus… Passé le pont, le chemin continue jusqu’à un parking d’où l’on rejoint un sentier grimpant le long de la faille jusqu’à découvrir, caché entre les blocs de rochers la cascade Öxarárfoss. Le site est joli et de belles couleurs bleue, verte et noire se dégagent.

Le tour du site de Þingvellir continue de l’autre côté de la rivière. Nous aurions aimé poursuivre la randonnée jusqu’aux anciennes fermes abandonnées de Skógarkot et Þórhallastaðir mais la pluie a raison de notre motivation. Un petit détour jusqu’à la faille Flosagjá, située de l’autre côté du parking, permet de découvrir une fissure remplie d’une eau bleue cristalline et d’avoir un joli panorama sur l’Almannagjá et Öxarárfoss. Le circuit se termine par les rives de la rivière, où l’église Þingvalla kirkja se dresse à l’emplacement d’une des premières églises du pays. À proximité, on trouve également la ferme Thingvallabaer et, de l’autre côté de la rivière, les ruines de Búðir, des abris de pierre recouverts d’herbe qui logeaient les membres de l’Alþing.


La journée est bien entamée et la faim se fait sentir. En direction de Geysir, arrêt à Laugarvatn pour faire le plein d’essence (déjà ?!). Et oui, le lendemain est prévu d’emprunter la piste de Kjölur, qui traverse l’Islande du Sud au Nord et nous ne connaissons pas encore la consommation du Land cruiser… Cela dit, le réservoir est tellement grand que nous n’aurons aucun problème d’essence durant tout le séjour. À Laugarvatn, le petit routier Bláskógarsera suffisant pour se restaurer et goûter les premiers burgers Islandais.

Le site géothermique de Geysir

À seulement 1h20 de Reykjavík, Geysir est le site géothermique le plus fréquenté du pays. Sur plus de 3 km², situées sur un stratovolcan érodé dont les restes sont constitués du dôme de lave rhyolitique de Laugarfjall et du cône volcanique basaltique de Bjarnarfell, se trouvent toutes les manifestations de l’activité géothermique : des sources d’eau chaude, des fumerolles (solfatares), des marmites de boue bouillonnantes et bien sur des geysers. Ces zones dangereuses sont délimitées par un cordon de protection qu’il est bien entendu interdit de franchir.

Sous une pluie battante, on découvre les premiers bassins d’eau chaude, Litli Strokkur et Litli Geysir, avant d’arriver à l’impressionnant Strokkur. Cette source, qui d’ailleurs n’est pas naturelle puisqu’elle provient d’un forage, constitue le geyser le plus actif du site. À côté se trouve Geysir, le geyser qui a donné son nom au phénomène (gjosa en islandais signifie « jaillir »). Il projetait en 1924 un jet d’eau de plus de 80 mètres de haut. Malheureusement, il fut obstrué par des touristes qui y jetaient des pierres pour l’activer. Le séisme de 2000 le réactiva partiellement, il entre aujourd’hui en éruption de manière occasionnelle mais n’atteint qu’entre 15 et 25 mètres de hauteur. Malheureusement, nous n’aurons pas l’occasion de le voir.

En revanche, toutes les 4 à 8 minutes, Strokkur entre en éruption en créant un jet d’eau de plus d’une vingtaine de mètres. Une foule de gens s’amasse autour du cordon, appareil photo et caméscope enclenchés, scrutant le bassin dans lequel l’activité augmente à chaque instant. L’eau souterraine chauffée atteint progressivement une température supérieure à son point d’ébullition. Emprisonnée dans d’étroites fissures, elle se transforme en vapeur d’eau dont la pression projette à l’air libre l’eau de surface plus fraîche. Au départ, il ne s’agit que de petites bulles venant éclater à la surface du bassin, puis, les bulles deviennent de plus en plus nombreuses, le niveau de l’eau commence à monter jusqu’à former une énorme bulle de la circonférence du bassin qui éclate ensuite en un énorme jet d’eau chaude !

Autour de ces bassins d’eau chaude, on observe les strates de minéraux qui se sont déposés au cours du temps. La couleur de l’eau varie en fonction de la température et de la composition minérale de la source : une eau bleue laiteuse indique que la température de l’eau est chaude car la silice présente dans l’eau se dissout avec la chaleur, tandis qu’une eau bleue claire indique que la température est froide car la silice reste en suspension et donne cette couleur bleue opale à l’eau.

La pluie a rendu le site très gadoueux mais cela ne nous empêche pas de gravir le flanc de la colline Laugarfjall pour observer le site d’en haut. La rhyolite couvrant la colline donne une couleur rose – orangée qui contraste fortement avec les couleurs blanches, bleues et grises des sources d’eau chaude. La végétation qui pousse aux abords des sites géothermiques est également d’une couleur verte éclatante, presque irréelle. Le panorama offert du haut de Laugarfjall vaut la peine malgré le vent et la pluie… Ne manquez pas ce petit détour, afin de profiter du spectacle de loin et d’avoir une vue imprenable sur la vallée Helludalur qui se trouve de l’autre côté du dôme.

Panorama sur le site de Geysir

Gullfoss, la « cascade d’or »

Pour terminer ce circuit du Cercle d’Or, direction Gullfoss, une des plus spectaculaires et célèbres chutes d’eau d’Islande, située à la limite de la piste 35 menant aux Hautes Terres… Du parking, où se trouve le Gullfoss Center abritant une exposition, une cafétéria et une boutique de souvenirs, plusieurs chemins permettent d’approcher et d’observer la chute d’eau sous plusieurs angles.

La rivière Hvítá, qui prend sa source dans le glacier Langjökull, s’écoule avec fracas dans une étroite fissure et crée à cet endroit Gullfoss, une succession de plusieurs chutes d’eau progressant sur deux paliers. La chute de 21 mètres sombre avec fracas dans un à pic créant un nuage énorme d’embruns, tandis que la chute de 11 mètres progresse de manière plus chaotique entre les rochers. La rivière a creusé au fil des siècles ce ravin en créant de longues orgues basaltiques sur les parois. La cascade est magnifique, néanmoins, en cette fin de journée, la luminosité a baissé, le soleil se cache loin derrière les nuages et il n’est pas possible de profiter du spectacle qu’offre habituellement la « cascade d’or ». Gullfoss tient en effet son nom de ses couleurs qui s’y dégagent par beau temps : la couleur or crée par les sédiments que l’eau transporte et l’arc-en-ciel qui se crée entre les deux rives, formant ainsi un pont coloré au-dessus de la rivière.

Du chemin longeant la faille, en hauteur, on surplombe Gullfoss et des panneaux explicatifs présentent la géologie et l’histoire du lieu. En 1920, des investisseurs étrangers souhaitèrent exploiter la rivière en créant une centrale hydroélectrique menaçant ainsi la pérennité des chutes de Gullfoss. Tómas Tómasson, le propriétaire du terrain refusa de vendre mais cela ne suffit pas et les promoteurs réussirent à obtenir l’autorisation du gouvernement. La fille de Tómas, Sigríður Tómasdóttir, menaça alors de se jeter dans les chutes si le projet aboutissait. Pour que sa menace soit prise au sérieux, elle entreprit une marche de protestation pieds nus de Gullfoss à Reykjavík. Elle arriva après 120 km les pieds en sang et en mauvais état. C’est ainsi que Gullfoss échappa à la destruction.


Soirée à l’hôtel Gulfoss

Cette journée à parcourir le Cercle d’Or a été bien remplie et nous arrivons à l’hôtel Gullfoss épuisé. L’hôtel est situé à proximité de la chute d’eau mais également du début de la piste de Kjölur, qui constituera la prochaine étape du voyage. L’hébergement à l’hôtel en Islande est toutefois assez coûteux. Celui-ci ne fait pas l’exception mais il a le mérite d’être vraiment agréable : de la salle de restaurant, une baie vitrée donne vue sur une grande vallée où l’on aperçoit quelques fermes et moutons. D’ailleurs, il n’est pas rare de pouvoir observer des aurores boréales d’ici.

Hotel Gulfoss

De plus, la cuisine est vraiment bonne et nous aurons rarement l’occasion de manger au restaurant le long du séjour. Du coup, ce soir-là, on se fait plaisir et pour nous quatre ce sera, après un petit apéro autour d’une bière Gull, en entrée saumon fumée ou soupe à l’oignon, puis côtes d’agneaux (délicieuses !) ou filet de saumon en plat. Les chambres sont confortables et assez spacieuses, l’accueil est chaleureux, l’hôtelière proposera même de faire de la place dans la buanderie pour faire sécher les vestes, qui pour certaines ont souffert sous la pluie aujourd’hui… La journée se finit en beauté par un petit bain chaud dans le hot-tub de l’hôtel sur une petite terrasse en plein air…

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3 Commentaires

  1. bonjour, merci pour ce joli partage. Comment aviez vous procédé pour vos hébergements : les aviez vous tous réservés ?

    1. Bonjour Charles, oui nous avions réservé nos hébergements à l’avance pour être plus tranquille car en Septembre, les établissements commencent à fermer.

  2. Bonjour, merci beaucoup pour toutes ces informations ! On espérant que depuis 2016 ça n’aille pas trop changé, je pourrais enfin réaliser ce rêve de partir en Islande et voir ces magnifiques paysages du Cercle d’or grâce à vous ! Merci encore !

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