Jour 11, Randonnées dans le parc national du Skaftafell

11 Septembre 2013

Panorama sur le sandur de la ferme Sel

Réveil tranquille ce matin. Cette journée est consacrée au parc national du Skaftafell, un des sites de randonnée préférés des Islandais. Le cottage d’Horglands du petit village de Kirkjubæjarklaustur n’est situé qu’à 50 minutes du parc national, ce sera donc une journée allégée en voiture. Rien de mieux pour se dégourdir les jambes et partir en randonnée !


Traversée du Sandur

Retour sur la portion de route n°1 empruntée la veille et traversant le sandur. Heureusement ce matin-là, la météo nous offre un beau ciel bleu afin de profiter du paysage. La route traverse d’abord une zone verdoyante, surplombée par les montagnes d’où s’échappent de nombreuses cascades, avant d’atteindre la grande étendue de sandur, une zone désertique formée de sable, limon et graviers emprisonnés dans les glaciers et transportés dans la plaine par les rivières glaciaires et les débâcles glaciaires. Le Skeiðarársandurest le plus grand du monde avec ses 1000 km² de sable noir et gris balayé par des vents violents. Il continue de s’étendre chaque année et les jökulhlaup (crues provoquées par une éruption volcanique sous-glaciaire) dévastent toute la région.

Mémorial de l'éruption du Grímsvötn

Cette portion de la route circulaire qui traverse le Skeiðarársandur fut la dernière à être construite en 1974, avant cette date, il fallait passer par Akureyri pour rejoindre Höfn. Les ponts sont fragilisés par cette terre instable et des digues furent construites pour protéger les infrastructures des crues violentes. Toutefois, en 1996, une crue dévastatrice crée par l’éruption du Grímsvötn, un volcan situé sous la calotte glaciaire du Vatnajökull, provoqua d’importants dégâts à la voirie, à trois ponts et aux digues. Un mémorial fait de poutrelles tordues se trouve désormais non loin du parc national du Skaftafell.


À peine quelques kilomètres plus loin, une bifurcation sur la gauche de la route conduit au parc national du Skaftafell. Au pied de cette oasis de verdure, coincé entre le désert noir du sandur et les glaciers du Skaftafell, le parc offre de nombreux services : office de tourisme, camping, cafétéria, circuits organisés pour des excursions sur les glaciers… Les randonnées dans le parc sont nombreuses et variées, il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux, avec une grande variété de paysages à découvrir : c’est l’espace naturel le plus visité du pays. Après un petit tour au visitor center où sont présentées la géologie, la faune et la flore du parc, il est temps de partir à sa découverte.

Boucle sur le Skaftafellsheiði

La première randonnée de la journée s’attaque au Skaftafellsheiði, une langue de terre surplombant les deux glaciers du parc, le Morsárjökull au Nord-Ouest et le Skaftafelljökull à l’Est. Du camping, le sentier grimpe en escaliers à travers de bas arbustes puis longe un cours d’eau encaissé, le Baejargil, dévalant la pente et créant plusieurs petites cascades. Après avoir traversé le ravin, on rejoint la ferme en toit de tourbe Sel par un chemin gravillonné. À l’origine, il n’y avait ici qu’une bergerie, c’est en 1912 qu’une ferme traditionnelle en toit de tourbe a été construite. Elle est toujours ouverte et quelques meubles et objets décorent l’intérieur.

Le panorama de la ferme sur le sandur et la côte est magnifique. On aperçoit les digues construites le long de la route n°1 et des ouvrages d’art. Malheureusement, un grand manteau nuageux en provenance de la côte est venu s’accrocher aux sommets des montagnes. Si la première partie de l’ascension s’est déroulée sous un beau ciel bleu, à partir de la ferme de Sel et en prenant de l’altitude, nous n’aurons plus aucun signe du soleil…

La randonnée se poursuit par le sentier grimpant au-dessus de la ferme. Le paysage change petit à petit, les arbustes laissant place à de la lande et des cailloux. La vue est ainsi bien dégagée mais il commence à bruiner et la visibilité se réduit. Ne nous laissant pas abattre on continue par le petit décroché en direction du point de vue de Sjónarsker. On bénéficie un court instant d’un point de vue sur la lointaine langue glaciaire du Skeiðarárjökull à l’Ouest mais au Sud, la côte et le sandur sont sous la pluie…

Le chemin redescend vers la chute d’eau de Svartifoss. On accède au pied de la cascade par un escalier en bois descendant dans le ravin et un pont en bois le traversant. Les rives du ravin sont envahies par la végétation et des bouleaux encadrent le site. Malgré le mauvais temps, le lieu est pris d’assaut par les photographes qui campent avec leur trépied devant Svartifoss. En même temps, elle vaut vraiment le détour et est digne d’une carte postale. Flanquée de magnifiques orgues de basalte noir, elle chute d’un seul trait sur 25 mètres. Les colonnes de basalte organisées en amphithéâtre auraient inspiré l’architecte Guðjón Samúelsson pour la réalisation de la Hallgrímskirkja, l’église emblématique de Reykjavík. En reprenant le chemin de l’autre côté du ravin, on arrive à une plateforme surplombant le site et permettant d’avoir un large panorama sur la cascade. Entourés de verdure, la chute d’eau et le basalte noir ressortent intensément dans le paysage, comme une morsure.

Après une pause pique-nique, on décide ensuite de suivre le chemin traversant la lande et conduisant à l’autre côté du Skaftafellsheiði. On croise une autre chute d’eau quelques mètres au-dessus de Svartifoss. La traversée de la lande s’effectue sous une pluie bruineuse et dans les nuages. La visibilité est vraiment réduite aux quelques mètres nous entourant, ce qui rend cette portion un peu ennuyeuse. Sur certaines zones marécageuses, des pontons en bois ont été aménagé.

Point de vue de Sjónarnípa

À l’approche du point de vue de Sjónarnípa, la vue se dégage un petit peu pour laisser apercevoir une partie du glacier Skaftafelljökull qui s’étend en contrebas. Le point de vue de Sjónarnípa est vraiment exceptionnel, dominant la langue glaciaire du Skaftafelljökull et sa lagune glaciaire où quelques icebergs flottent. L’immense langue glaciaire s’étend sous nos yeux, son centre est encore blanc tandis que les rebords du glacier, charriant sable et cailloux sont devenus grisâtre voir noir. La montagne de l’autre côté de la langue glaciaire, Hafrafell, est totalement cachée par les nuages et après quelques minutes, c’est le Skaftafellsheiði qui tombe sous les nuages, obstruant totalement la vue sur le glacier. Le chemin du retour longe la falaise dominant le Skaftafelljökull et se fait dans des sous bois de saules et de bouleaux.


La lagune du Skaftafelljökull

Lagune du Skaftafelljökull

Cette première randonnée dans le Parc national du Skaftafell était intéressante et jolie, mais le fait de savoir que les différents panoramas les jours de beaux temps sont exceptionnels est assez frustrant, nous n’en avons eu qu’un bref aperçu et nous ne voulons pas finir la journée sur ce sentiment. Une fois de retour au visitor centre, nous entreprenons alors une deuxième randonnée, cette fois à plat et en dessous du manteau nuageux menant à la lagune du Skaftafelljökull.

Le chemin, goudronné puis gravillonné, longe la falaise où nous étions une heure plus tôt. Il traverse une zone à la végétation luxuriante : mousse, fleurs, arbustes… Il mène à un point où il y a une jolie vue d’ensemble sur la langue glaciaire du Skaftafelljökull et sa lagune. De là, il est possible de descendre vers la lagune en traversant une zone de sable noir et même d’approcher le glacier. La noirceur du glacier est impressionnante, rien de comparable avec le bleu intense du Jökulsárlón, même les quelques icebergs flottant dans la lagune sont gris. Le Skaftafelljökull emprisonne au cours de sa descente une importante quantité de cendre noire et de pierres noires, ce qui lui donne cet aspect de meringue à la réglisse (ça existe?).

Le long de la falaise, un sentier naturel s’est crée et permet de s’approcher au plus près du glacier et de le toucher. Un panneau indique toutefois qu’il est dangereux de s’en approcher du fait des crevasses et des sables mouvants qui l’entourent. Il faut également être vigilant car les gros rochers jonchant le sol montrent que les chutes de pierres de la falaise sont fréquentes. Quelques mètres suffisent toutefois pour se retrouver à portée de main du glacier. C’est très impressionnant et on se rend compte de son immensité et de sa puissance. On perçoit les mouvements du glacier par les grincements qu’on entend et les cailloux qui dévalent le bord du glacier. Le retour au parking peut se faire par le même chemin qu’à l’aller ou par un chemin un peu plus accidenté, à travers les moraines recouvertes d’une mousse verte fluo et de plantes colorées, contrastant avec le sable noir. Le paysage est splendide.


De retour au visitor centre, on opte pour une petite pause gourmande à la cafétéria. Thé ou chocolat chaud et gâteaux (choux à la crème, carot cake ou gâteau pomme-caramel), rien de mieux pour se réchauffer et se faire plaisir après une journée sous la pluie. Heureusement, nous n’avons pas trop souffert du mauvais temps car nous étions bien équipés.

Après un petit tour à la station service à quelques kilomètres pour faire quelques courses, il est temps de rentrer au cottage. Soirée tranquille au chaud, avec cartes postales pour les uns et tri photos et carnet de voyages pour d’autres. Au menu ce soir, pommes de terres – bacon, soupe et skyr, pas mal pour un repas concocté 100% supermarché bonus.

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2 Commentaires

  1. Bonjour je suis en train de préparer mon voyage en Islande en octobre et je me perds un peu dans toutes ces belles randonnées à faire ! Ou puis-je trouver un guide ou autre qui rassemble toutes les randonées du site ? avec le temps et km a parcourir ? merci infiniment
    virginie

    1. Bonjour Virginie,
      Nous n’avons pas écrit de guide spécifique aux randonnées que nous avons réalisé en Islande, mais vous pouvez toutes les retrouver sur le site Wikiloc, profil Au Bout De La Route (https://fr.wikiloc.com/wikiloc/user.do?id=792213&from=60&to=70), ils s’agissaient des 1e que nous avions enregistré.
      Sinon, en guide papier, le Rother Guide Islande est très bien, cartes précises, données topo et temps, et bonnes descriptions.
      Bonne préparation et bon voyage 😉 !

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