Jour 6, Le Burren

11 Septembre 2012

Cote du Burren pano

Après un copieux Irish Breakfast, départ pour le Burren, dans le comté de Clare sur la côte Ouest de l’Irlande. Le trajet par nationales et autoroutes est sans surprise. Le circuit dans le Burren commence à Corofin où un paysage vallonné et parsemé de pierres grises apparaît. Le Burren est un immense plateau calcaire balayé par les vents où s’étendent de larges plaines verdoyantes quadrillées par des murs de pierres et des rochers. Dans la partie Nord Ouest, ces plaines laissent place à de grandes étendues de plaques de calcaires, où les rochers, les failles et les quelques plantes poussant entre ces cailloux dessinent un paysage gris.


Les falaises de Moher

Après avoir passé les ruines du château Leamaneh Castle (sans grand intérêt puisqu’il n’est pas accessible) sur la route de Kilfenora, direction les falaise de Moher pour la 1e visite de la journée, d’un des sites les plus impressionnants d’Irlande. Le site de Cliffs of Moher a été complètement aménagé pour recevoir de manière ludique et en toute sécurité le flux de touristes quotidien. Il est impressionnant de voir, après la traversée de plusieurs villages sur des routes peu fréquentées, une telle foule de touristes sortie de nulle part. Il s’agit tout de même du site naturel le plus visité en Irlande !

Cliffs of Moher pano

La route d’accès est assez étroite et un grand parking a été aménagé à côté de cet espace naturel, ce qui peut gâcher un peu la surprise. Comptez également 6€ le ticket d’entrée. Le visitor centre présente une exposition intéressante orientée autour de 4 thèmes : l’Océan (comment l’océan érode la côte Irlandaise), la géologie (la structure géologique particulière qui caractérise le Burren), la faune (les falaises hébergent un grand nombre d’espèces d’oiseaux) et l’homme (les interactions entre l’homme et la falaise).

Un parcours extérieur aménagé longe les falaises du visitor centre jusqu’à la tour O’Brien, en remontant vers le Nord. L’accès au sommet de le tour est payant mais permet apparemment d’avoir une  belle vue sur les falaises et les îles Aran. Nous ne nous laisserons pas tenter et continuons, de plus, de la plateforme, la vue sur les falaises est déjà spectaculaire même si un vent froid et violent balaye le promontoire. Au-delà continue le circuit côtier du Burren Way, randonnée de 123 km reliant Lahinch à Doolin en passant par les falaises de Moher puis continuant jusqu’à Ballyvaghan pour ensuite s’enfoncer dans les terres intérieures du Burren.

De l’autre côté du visitor centre, un chemin non stabilisé mène à Hags Head et permet d’avoir également de jolis points de vue sur les falaises. Cette formation rocheuse inhabituelle, qui ressemble à la tête d’une femme face à la mer, est le point le plus au sud des falaises. L’aménagement d’un parcours sécurisé et facilement accessible est en cours sur ce tronçon-là. À la pointe de Hags Head se dresse les ruines du phare Moher Tower, qui aurait donné son nom aux falaises.  Cette ancienne tour, Túr an Mhothair, fut construite pendant la guerre Napoléonienne pour protéger la côte Irlandaise. Nous amorçons le début du chemin mais nous n’irons pas jusqu’au bout car la journée est encore longue…

Cliffs of Moher, vue sur O'Brien Tower

La découverte du Burren continue ensuite le long de la côte. Après avoir passé un petit plateau donnant une vue plongeante sur les plaines Sud du Burren, la route redescend vers la côte et le paysage pelé sans arbres permet d’avoir une vue dégagée sur les alentours.


La côte du Burren

Arrêt à Doolin, petit village côtier, pour déjeuner. Ce village ne ressemble pas à un village ordinaire, impossible de trouver le « centre du village » tant les maisons sont éparpillées… Le pub Mc Dermott’s, situé sur la Main street de l’autre côté d’un pont, est agréable, avec de vastes tables sur lesquelles quelques touristes et gens locaux boivent un coup ou mangent un morceau.

La Guinness Pie, tourte au bœuf et à la bière, accompagnée de pommes de terre est plutôt bonne, sans être exceptionnelle. De toute façon, la cuisine de pub n’est pas réputée pour être gastronomique mais plutôt populaire et simple. Il y a toujours des pommes de terre dans les plats Irlandais, cuisinées de toutes les façons (en purée, en pommes frites, en french fries) avec quelques carottes et du chou.

En direction de Fanore, au détour d’un virage, le vrai visage du Burren se dévoile enfin. Le paysage apparait beaucoup plus rude avec des collines grisâtres sur lesquelles se dessinent les terrasses de calcaires, lisses et plates et avec une côte balayée par les vents où s’intercalent falaises et plages de galets. Au loin, la montagne Slieve Elva est fantasmagorique : recouverte de calcaire, peu de végétation pousse sur cette montagne qui est totalement grise. En continuant plus encore sur la route, la végétation se fait de plus en plus rare. Prés de la mer, la « plage » n’est qu’une énorme plaque de calcaire tourmentée par une nuée de rochers épars. Sur ce terrain hostile, seules quelques plantes arrivent à pousser entre les failles de la roche et permettent de donner quelques touches de vert à ce paysage gris. Même les animaux se font rares et se battent pour quelques touffes d’herbes…

La Légende raconte que le Burren est issu d’une querelle de couple entre deux géants vivant sur la lune : après s’être saoulés, ils se disputèrent à coups de cailloux et le mari finit par envoyer sa femme et le rocher derrière lequel elle se cachait à travers le ciel. La femme fut enterrée à Fanore par les habitants et depuis ce jour, le Burren est recouvert de cailloux…

Après avoir passé Black Head, la pointe rocheuse saillant dans la mer, la route devient plus verdoyante. Si vous avez le temps, une petite randonnée grimpe à flanc de colline et permet de découvrir un ancien fort de l’Âge de fer (Cathair Dhun lorais) et un panorama exceptionnel sur les îles d’Aran.

Cote du Burren pano2

À Ballyvaughan, une bifurcation permet de retourner à l’intérieur des terres. Le paysage rocheux est plus vallonné, la route serpente entre les champs de roches. Le peu de monde sur cette route en cette fin d’après-midi rend ce paysage désolé encore plus mystérieux.


Le dolmen de Poulnabrone

Le dolmen de Poulnabrone, situé sur la route R480 reliant Kilfenora à Ballyvaughan est un site recevant plus de 100 touristes par jours. Il n’y en aura qu’une dizaine ce jour-là. Vieille de 5000 ans, cette tombe mégalithique se dresse seule sur ces 2 mètres de haut dans un paysage minéral. Sa taille est toutefois un peu décevante : le dolmen le plus célèbre d’Irlande n’est pas très imposant et pourrait même passer inaperçu et se fondre dans le décor grisâtre si l’on n’y prenait pas garde. Mais, à l’époque, c’était un sacré exploit de faire reposer une dalle de pierre de 3,6m sur 2,1m sur deux grosses dalles verticales de 1,8m de haut. Son emplacement est également stratégique : dominant la plaine du Burren, sa silhouette particulière attire l’attention et est le symbole de la cohésion du groupe qui l’a construite. Il signifiait aux voyageurs préhistoriques qu’ils entraient dans le domaine d’une tribu du Burren.

Son nom Poulanabrone vient du gaélique Poll na mBrón, qui signifie « the Hole of Sorrows ». Son excavation, datant de 1986, a permis de découvrir les ossements de 22 personnes, 16 adultes et 6 enfants, enfouis à peine 25 cm sous la surface, ainsi que plusieurs objets funéraires cachés dans une crevasse datant d’environ 3500 avant J.C. Ces corps n’ont toutefois pas été enterré ici en premier, ils ont été exhumé une fois qu’il ne restait plus que les os, pour être déplacé dans cette tombe construite en leur honneur. L’étude des ossements a révélé que les adultes avaient tous moins de 30 ans, sauf un qui était âgé de plus de 40 ans, et un seul est mort pour cause de blessures (une pointe de projectile retrouvée dans l’os de la hanche). Cette tombe mégalithique aurait également servi d’autel funéraire durant l’âge de bronze : un nourrisson aurait été incinéré à l’extérieur du dolmen.


Le fort circulaire de Cahercommaun

Pour la dernière visite de la journée, direction le fort circulaire de Cahercommaun, situé dans les environs. Il est assez difficile à trouver et n’est pas indiqué mais, il mérite vraiment le détour pour son aspect sauvage et pour la vue sur les alentours. Le comté de Clare compte de nombreux sites mégalithiques et forts circulaires difficilement accessibles, mieux vaut se renseigner avant sur leur localisation précise. Ce fort est situé au sud du village de Carran, au lieu-dit de Clonclouse.

Comme la majorité des forts circulaires, il se situe sur un terrain privé mais l’accès est autorisé. Le portail d’accès se situe juste à côté de l’habitation du paysan, il faut ensuite longer une parcelle de haies étranges et hautes, derrière lesquelles des bruits d’animaux se font entendre… Le chemin grimpe ensuite en haut d’un plateau, puis, au bout du pâturage et après 20 min de marche, les ruines du fort se dévoilent enfin.

Le fort forme un ½ cercle ouvert sur les bords d’une falaise d’où il y a une vue imprenable sur les environs. En assez mauvais état, il est difficile de discerner les fondations des 3 murailles cachées par la végétation, où seule l’enceinte intérieure forme un cercle presque parfait. Des pontons en bois ont été construits pour permettre de faire le tour du fort et d’accéder aux différentes enceintes, sans avoir à marcher dans les herbes hautes et les tourbières. Le soleil couchant donne une touche de mystère à ces ruines où aucun touriste n’a osé s’aventurer. La magie opère encore une fois dans ce lieu éloigné en plein cœur de la nature.

Cahercommaun pano

La journée se termine et la route vers Kinvarra, où se trouve le Guesthouse, se finit de nuit et sous une pluie battante. La route redescend vers la côté Nord du Burren, dans la baie de Galway.

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