Jour 6, Voyage historique au cœur du comptoir hanséatique de Bryggen
09 Juillet 2015
On appelle Bergen la capitale des Fjords. Deuxième ville de Norvège, elle se targue d’être la plus belle, avec un patrimoine exceptionnel inscrit à l’UNESCO et une population de 272 500 habitants (en 2014) férues d’art et de culture, mais c’est aussi la ville la plus pluvieuse, avec environ 240 jours de précipitations par an. Ce n’est donc pas pour rien qu’accostent régulièrement de nombreux bateaux de croisière, dont l’Hurtigruten qui prend son départ à Bergen et qui navigue jusqu’à la frontière Russe, au-delà du Cap Nord. Ce matin, la ville est vraiment pleine de visiteurs, venus des quatre coins du monde. Pour nous, ce sera un parcours historique au cœur du comptoir commercial hanséatique de Bryggen, avec la visite du musée Hanséatique et de son quartier tout en bois, en passant par l’église Notre-Dame, la forteresse de Bergen et le port, Vågen.
On décide de commencer cette journée par la visite incontournable de l’ancien comptoir hanséatique de Bryggen, en espérant qu’il y ait moins de monde le matin. Cela nous laissera le temps de nous promener en hauteur l’après-midi sur le Mont Fløyen. Mais avant ça, petit déjeuner sur le bateau après une courte et froide nuit : le vent a fait tanguer le navire toute la nuit. Quel plaisir de se lever sous un beau ciel bleu, le port reflétant les rayons du soleil et les façades du quartier de Bryggen apparaissant en face de nous de jour sous ses belles couleurs chaudes. Cet hébergement insolite dans un bateau est vraiment une expérience unique que je recommande !
Le musée hanséatique
Direction le Musée Hanséatique, LE musée à ne pas rater pour comprendre l’histoire de la ville et le rôle du comptoir commercial de Bryggen dans la Ligue hanséatique. Le billet coûte 100 NOK (environ 10€) et comprend les entrées au musée hanséatique avec visite guidée en français (vivement conseillée) et au Schøtstuene, le bâtiment commun où les différentes maisons commerçantes se rassemblaient.
La Ligue hanséatique (Hanse) est une organisation Allemande de cités commerçantes opérant dans les bassins de la Mer Baltique et de la Mer du Nord entre les 12e et 17e siècles. À Bergen, et plus précisément dans le vieux quartier portuaire de Bryggen, se tenait un important comptoir commercial entre 1360 et 1761, tenu par des commerçants hanséatiques originaires d’Allemagne du Nord. Le Musée Hanséatique est l’une des maisons de commerce les plus anciennes et les mieux conservées de Bryggen. Le bâtiment, appelé Finnegård, fut construit en 1704, dans le style des bâtiments antérieurs qui furent détruit pendant l’incendie de 1702. Chaque bâtiment comprenait plusieurs maisons de commerce. On visite ainsi les deux maisons de commerce du Finnegård pour découvrir le mode de vie de ces commerçants et en apprendre plus sur le fonctionnement de la Hanse.
Les Norvégiens n’avaient pas le droit de devenir membres de la Hanse et les Allemands commerçants devaient devaient vivre selon le droit Allemand, même à l’étranger. On dénombrait 70 grandes villes hanséatiques, dont Lübeck, la principale, et quatre comptoirs, à Bergen, Bruges Londres et Novgorod. La découverte des Amériques et l’établissement de nouvelles routes commerciales ainsi que le renforcement des Etats nationaux conduisirent au déclin de la Hanse à partir du 16e siècle mais les activités commerciales dans Bryggen se poursuivirent jusqu’en 1761. L’activité commerciale de Bryggen était tournée vers l’exportation de la morue séchée provenant du Nord de la Norvège, des fourrures, du cuir, du beurre et du suif et l’importation de céréales, de vins, de bières, du tissu et de la quincaillerie en provenance des pays de la Mer Baltique.
Le choix restreint de marchandises facilitait le troc et il y avait peu d’argent en circulation. L’activité commerciale se concentrait pendant les mois d’Avril à Octobre. Il fallait abattre un travail important pour décharger et charger les bateaux rapidement car le nombre d’embarcadères était limité et le moindre retard entraînait des amendes.
Le risque d’incendie était élevé du fait de la construction en bois des bâtiments et du stockage de céréales. De ce fait, il n’y avait pas d’éclairage, pas de chauffage et pas de cuisine dans les maisons. Chacune se composait d’un gérant, d’un contre-maître et jusqu’à 8 apprentis qui pouvaient commencer dés l’âge de 11 ans, chargés de s’acquitter du travail physique. Le rez-de-chaussée servait à entreposer et préparer la morue séchée et l’huile de foie de morue. Au premier étage, on trouve les entrepôts de céréales et de petits articles (tabac, tissus, eau-de-vie, médicaments) ainsi que la salle à manger où le contre-maître et les apprentis prenaient des repas froids, le salon et le bureau du gérant ainsi que son lit d’hiver, situé au centre de la maison pour l’isoler du froid.
Au deuxième étage, se trouvent les chambres du gérant, du contre-maître et des apprentis. On constate tout de suite la différence de confort entre les chambres : celle des apprentis est très spartiate, 4 lits-armoires (fermés de l’extérieur) pouvaient accueillir les 8 apprentis, soit deux par lits, et la pièce était surveillée de chaque côté par le gérant et le contre-maître grâce à des volets, tandis que la chambre du gérant est plus spacieuse, plus aérée et richement décorée de tapisseries et tableaux. Un passage permet ensuite d’accéder à la deuxième maison du bâtiment où l’on découvre quatre autres pièces, dont une nouvelle, la Setstue, une chambre commune où les paysans et pêcheurs venus commercer pouvaient dormir.
La visite du musée est très intéressante et le fait que les dimensions des maisons et le mobilier aient été conservé joue beaucoup dans l’immersion. Le seul bémol est qu’il y a vraiment beaucoup de visiteurs, les pièces sont relativement petites et il est difficile d’observer tous les détails. De plus, il n’est pas possible de « traîner » car on se fait vite rattraper par le groupe guidé suivant…
Dans les ruelles de Bryggen
Après la visite du musée, on poursuit notre balade dans la cité hanséatique, à travers ses ruelles étroites bondées de monde. Bryggen est le plus vieux quartier de Bergen et compte encore (cas unique dans le monde) 56 bâtiments en bois et 6 bâtiments en pierre datant de la période hanséatique. En 1979, il est inscrit au patrimoine culturel de l’humanité par l’UNESCO. L’organisation spatiale du quartier est liée à sa fonction portuaire, autour du bassin Vågen : les pignons des bâtiments sont orientés vers le quai et les bâtiments, appelés gård, sont disposés en longues rangées, séparés par des passages qui permettaient l’acheminement des marchandises dans les divers entrepôts. Dans les étroits passages, des galeries couvertes courent le long des bâtiments, des décrochements et des poulies permettant de monter les marchandises dans les entrepôts sont encore présents.
Malgré les nombreux incendies qui ravagèrent la ville (en 1198, 1248, 1476 et 1702), le quartier fut à chaque fois reconstruit selon le même plan d’aménagement, en se basant sur les fondations existantes et en utilisant des techniques et matériaux d’origines. Le caractère typique du port médiéval de Bryggen est ainsi conservé en partie. Mais, depuis le 19e siècle, certaines zones furent toutefois modernisées et/ou reconstruites.
Le Schøtstuene
À l’extrémité Nord-Ouest du quartier de Bryggen, on trouve la Schøtstuene, désertée par les visiteurs. Il s’agit des salles communes où se rassemblaient les différentes maisons et où le feu était autorisé. Les fondations en pierre protégeaient les documents les plus importants et les marchandises les plus précieuses. Au-dessus de la cave, une cuisine à feu fournissait des repas chauds et, au premier étage, plusieurs salles chauffées et éclairées accueillaient les marchands. La Schøtstuene était un lieu convivial, surtout pendant les longs mois d’hiver, elle servait de salle des fêtes mais également de tribunal et d’école pour l’éducation des apprentis. Cette partie du musée est certes moins immersive car de nombreux changements ont été réalisé, le mobilier n’est pas en totalité d’origine, mais des efforts ont été fait pour rendre la visite ludique, à l’aide de quelques jeux et déguisements.
Le vieux Bergen : Mariakirken et la forteresse
On poursuit la balade dans le vieux Bergen par un passage devant l’église Notre-Dame, mais sans y entrer. Il s’agit du plus vieux bâtiment de Bergen, construit pendant la 1e moitié du 12e siècle, épargné par les nombreux incendies. Mariakirken se dresse avec ses deux tours face à la forteresse de Bergen et constitue un rare exemple d’architecture romane en Norvège.
La mâtiné se poursuit par un tour dans le parc de la forteresse de Bergen, entourée de remparts d’où l’on a une jolie vue sur le port. À son extrémité, on peut voir un immense bateau de croisière qui apparaît aussi haut qu’un immeuble. Cette forteresse, construite au 13e siècle, protégeait l’entrée du port. À l’intérieur de l’enceinte, il est possible de visiter la Salle de Håkon, partie du domaine royal édifiée pour le roi Håkon IV dans un style gothique, et la Tour Rosenkrantz, du nom du gouverneur du château de Bergen vers 1560.
On remonte ensuite le port (Vågen) en admirant les bateaux de plaisance et les navires de croisière, plus ou moins grands, à voile ou à moteur, amarrés le long des quais, jusqu’à la capitainerie. Le quai, Tyskebryggen, tient d’ailleurs son nom de son passé lié à la Hanse : brygge signifie « quai » en norvégien et tyske, « allemand ».
Petit arrêt pour manger au Peps’ Pizza face au marché au poisson mais, même s’il s’agit d’une chaîne de restauration, les prix sont exorbitants. On s’en sort pour environ 40€ par personne pour une pizza et une bière ! Après quelques courses, direction le funiculaire Fløibanen pour une petite escapade nature sur les hauteurs de Bergen pour la suite de la journée. À suivre…
Il semble bien agréable ce quartier…
Oui, j’ai vraiment adoré ! Et, il y a en a pour tous les goûts : il y a des restaurants, des boutiques, des espaces verts pour se détendre, des musées… Et si le soleil est de la partie, la balade n’en est que plus belle !
Ma demande est un peu tardive par rapport à votre voyage mais pouvez vous indiquer le nom du logement sur le bateau ? où peut on trouver les infos ?
Merci
Cdt
Bonjour Sébastien, malheureusement il s’agissait d’un logement trouvé sur Airbnb qui apparemment n’existe plus…