Jour 13, De Molde à Kristiansund
16 Juillet 2015
Les jours passent et se ressemblent : on se lève sous un ciel bien gris, la journée s’annonce encore une fois pluvieuse. Nous avons à peu près 140 kilomètres à faire dans la journée pour rejoindre Kristiansund en passant par l’impressionnante route de l’Atlantique. Lors de la préparation du voyage, j’avais en tête plusieurs lieux incontournables à voir en Norvège et la route de l’Atlantique, avec ses ponts tortueux enjambant l’océan, en faisait partie.
Le ferry de Vestnes à Molde
Mais avant cela, il nous faut rejoindre Vestnes afin de prendre le ferry jusqu’à Molde. Il s’agit d’un des ferries le plus cher du voyage (274 NOK soit environ 30 euros pour une voiture et 4 personnes), mais également le plus long (35 minutes). La pluie se met à tomber pendant la traversée et nous oblige à descendre nous abriter à l’intérieur. Le ferry relie Vestnes à Molde, une ville sans grand intérêt : détruite par les bombardiers Allemands, il ne reste rien des belles ruelles bordées de maisons en bois de l’époque. En revanche, elle peut être une bonne ville étape, disposant de tous les services nécessaires. Molde est aussi réputée pour son jazz, ses roses, et son site naturel magnifique : du point de vue de Varden, on peut contempler 222 sommets de l’autre côté du fjord. Etant donné la météo, nous préférons continuer notre route.
Une fois descendu du ferry, nous empruntons la route 64 qui grimpe à l’assaut des montagnes. Un petit détour par Skaret en continuant sur la 64 permet d’éviter le tunnel payant et de découvrir un beau paysage de montagne avec une belle vue sur le fjord Fannefjorden. Les guides de voyage sont avare en informations concernant cette région, à l’exception de la route de l’Atlantique et des villes de Molde et Bud, on a l’impression qu’il n’y à rien d’autres à voir !
La randonnée de Trollkirka
Il faut savoir sortir des sentiers battus et s’aventurer au grès de ses envies pour dénicher les perles rares de la région. Notre prochaine étape est une randonnée très sympa, la randonnée de Trollkirka conduisant dans des grottes où s’écoule une rivière souterraine. Le départ se fait depuis un petit parking en bordure de la route 64 entre Sylte et Eide. Il s’agit d’un aller-retour de 7,5 kilomètres, comptez au minimum 1h30 de marche pour atteindre les grottes. Il est fortement recommandé de prendre des chaussures étanches ainsi qu’une lampe frontale pour la grotte mais également pour la randonnée. Le chemin suit en effet un cours d’eau qui dévale la montagne et il peut s’avérer très glissant, humide voir inondé selon la météo…
La randonnée commence par suivre un chemin forestier assez plat et après seulement quelques mètres, un premier obstacle apparaît : un cours d’eau coupe le chemin en deux, nous obligeant à traverser à gué en s’aidant des quelques pierres submergées au-milieu. Le chemin s’élève ensuite dans la forêt, en suivant le ruissellement de l’eau qui dévale la pente. Entre les racines et les pierres, le sol est glissant. À certains endroits, l’unique chemin emprunte même le lit du cours d’eau, heureusement que les nombreuses pierres et rochers permettent de garder les pieds relativement au sec !
Après la forêt de pins, le chemin grimpe plus fortement et une végétation basse de fougères et d’arbustes permet d’avoir une vue un peu plus dégagée. Le relief s’adoucit un peu et fait apparaître une vaste zone de tourbières. La région est en effet classée en réserve naturelle. La vallée de Trollkirkedalen tient sa particularité du fait que les tourbières sont situées en altitude et inclinées.
Les marais sont divisés en petits et grands bosquets parsemés de tourbières plates. Le sol, riche en calcium, produit une végétation luxuriante. Encore une fois, il faut faire preuve d’agilité pour éviter les mares d’eau, les pierres glissantes et les tourbières.
On atteint enfin l’entrée de la grotte, une bouche noire béante dont l’entrée est marquée par un tapis de roches noires. On s’équipe de la lampe frontale et on s’aventure dans l’obscurité. Il s’agit d’une succession de plusieurs grottes taillées dans la roche calcaire par des rivières souterraines. On l’a appelé Trollkirka, The Troll Church, du fait de ses nombreuses entrées et passages latéraux. Une cascade souterraine, visible à plusieurs niveaux, lui donne également une certaine hauteur et majesté.
Aujourd’hui, on dénombre trois grottes accessibles reliées par des boyaux partiellement inondés. Le plafond est bas, certains passages sont étroits et il faut quelque fois grimper sur des rochers pour éviter l’eau. N’ayez donc pas peur de vous salir et ne soyez pas claustrophobe ! La découverte des grottes est toutefois grandiose, notamment lors de l’arrivée sur la « Altarpiece » : depuis une voûte marbrée s’élance une cascade de 14 mètres de haut, illuminée par le soleil perçant à travers un petit trou dans la roche. Nous ne pourrons toutefois pas accéder à la troisième grotte car celle-ci est partiellement inondée et le chemin y conduisant est submergé. De l’extérieur, il est également possible de voir la cascade en grimpant en haut d’une échelle métallique. On termine la randonnée par un passage au-dessus des grottes, sur un replat où paissent les moutons avant de redescendre. Le brouillard est montée et nous cache la vue sur la vallée.
Atlanterhavsvegen, la route de l’Atlantique
Après s’être changé, mis les vêtements et chaussures à sécher comme on peut dans la voiture, direction la côte du Møre. Petit arrêt pique-nique sur la plage de sable de Farstadstranda. Le temps n’est ni à la baignade ni à la bronzette mais lorsqu’il fait beau cette plage doit être très agréable. Face à l’océan, sous un ciel d’un gris menaçant, les dunes d’herbe derrière nous et les pieds dans le sable, on savoure un instant de tranquillité et de détente avant de reprendre la route.
La partie la plus impressionnante de la route de l’Atlantique, ou Atlanterhavsvegen, ne commence réellement qu’à Vevang. Sur ce tronçon de 8 kilomètres, la route sillonne d’îlots en îlots, sur ses sept ponts tortueux faisant face à l’océan et traversant le Kornstadfjord. En automne, lors des nombreuses tempêtes, les vagues se fracassent avec violence sur les ouvrages d’art, créant des gerbes d’eau géantes. La route de l’Atlantique fut crée en 1983 et le chantier s’étala sur six ans. Les conditions de travail étaient difficiles et les ouvriers ne firent pas moins face à six ouragans ! Avec une meilleure artère de circulation, l’industrie de la pêche de la région devait s’améliorer, le commerce et l’exportation étant ainsi facilités.
Le pont le plus spectaculaire est sans aucun doute Storseisund, dont le tracé en courbe donne l’impression que la route se soulève sous les rafales de vent. Des parkings aménagés permettent de s’arrêter aux nombreux points remarquables de la route. Le plus beau point de vue sur le pont Storseisund étant celui de Myrbærholm.
Le bras de mer est parsemé d’îles et îlots battus par les vents. Ces bouts de terre, plats, recouverts de rochers et d’herbe verte, et sur lesquels trônent quelques rorbuer en bois rouge, créent des tâches de couleur sur un océan grisâtre. Les canots et les pêcheurs font vivre ce tableau vivant magnifique. Le dernier pont nous conduit sur l’île d’Averøya, dans un véritable paysage de landes, de prairies et d’étangs. La journée se termine et le soleil couchant nous offre une superbe lumière sur la côte. Les formes s’allongent, la lumière devient plus chaude, les nuages filent dans le ciel sous les poussées du vent. Qu’il est bon de prendre le temps de contempler un paysage…
Après quelques arrêts photos, il est temps de rejoindre notre hébergement du jour à Kristiansund. Averøya est reliée à la ville de Kristiansund par un tunnel souterrain payant long de 7 kilomètres (89 NOK soit environ 23€). Notre choix du jour s’est porté sur un mobil-home dans le camping Atlanten Turistsenter. Ce n’est pas vraiment le meilleur hébergement du séjour (wifi qui ne fonctionne pas, mobil-home très petit pour 4, peu de rangements etc.) mais nous n’avons pas eu le choix. Les prix des autres hébergements en hôtels ou chambres d’hôtes étaient excessivement chers ! La soirée nous gratifie toutefois d’une jolie éclaircie, le temps d’apprécier quelques minutes de plus la terrasse.