Dublin, en deux jours

Dublin est une de mes villes coup de cœur. Sa taille, à échelle humaine et qui se parcourt facilement à pied, et l’accueil chaleureux de ses habitants en font une ville où il est agréable de se promener, où on est à l’aise et où il est facile d’aller à la rencontre des gens. Ce n’est pas une capitale écrasante et étouffante, les immeubles sont relativement bas, les rues larges et les nombreux parcs et promenades aménagés, comme le long de la Liffey, aèrent la ville. On y retrouve à la fois une forte identité celtique et une influence classique et anglaise toujours présente. Avec son riche patrimoine historique et artistique, ses musées variés et ses rues animées, il est impossible de s’ennuyer à Dublin et il y en a pour tous les goûts !

C’était donc un très bon point de départ pour notre voyage. Voici un city-guide de découverte de Dublin en deux jours, bien sûr pas exhaustif. Pour ma part, j’avais déjà découvert Dublin il y a quelques années lors d’un voyage dans le Sud de la République d’Irlande, et c’était vraiment étrange d’y revenir, toujours aussi accueillante, comme si je revenais chez une amie…

Pour compléter ce guide, n’hésitez pas à lire mes premiers articles sur Dublin.


Au cœur du Dublin Médiéval

Le vieux Dublin est la partie la plus ancienne de la ville. Des fouilles archéologiques y ont révélé, sur plus de 13 niveaux différents, les vestiges de 150 édifices vikings datant des 10e et 11e siècles. Ayant choisi une auberge de jeunesse dans le quartier (The Four Courts Hostel), nous avons commencé notre exploration de la ville par là. Les vikings arrivèrent en Irlande au 8e siècle et fondèrent plusieurs villes côtières de l’Est de l’Irlande, notamment Dublin. Non loin de notre hébergement, on trouve d’ailleurs une grande sculpture représentant la proue d’un bateau viking et située à Wood Quay, l’emplacement de la première colonie viking de Dublin. La plupart des objets vikings retrouvés lors des fouilles est exposée au National Museum of Ireland ou à Dublinia.

Un peu plus à l’Ouest en poursuivant le long de Usher’s Quay, on trouve un des plus vieux pubs de Dublin, The Brazen Head, situé sur Bridge Street Lower. Une première auberge à cet emplacement daterait de 1198 et aurait réunis des mercenaires normands et des marchands vikings. Le bâtiment actuel date de 1754 et fut utilisé comme relais de poste.

Nous poursuivons notre balade vers l’église de St Audeon et son joli parc. Fondée en 1190, il s’agit de la plus ancienne église de Dublin, elle est aujourd’hui protestante et tient son nom de Audoen, l’évêque de Rouen au 7e siècle. Derrière l’église se trouvent quelques vestiges des anciens remparts de la ville, datant du 12e siècle.

En continuant sur Hight Street, on découvre la magnifique cathédrale Christ Church, de style gothique et néoroman, ainsi que la splendide galerie couverte au-dessus de Winetavern Street qui la relie au Synod Hall. Elle fut fondée en 1030 par Sitric, roi des Normands de Dublin, et était à l’origine en bois. En 1152, elle fut incorporée à l’église Irlandaise et subit de nombreuses évolutions et modifications. La cathédrale actuelle date en majorité des années 1871-1878 et abrite une des plus anciennes (12e siècle) et des plus grandes cryptes de Grande-Bretagne et d’Irlande. Le Synod Hall abrite une exposition / musée (Dublinia), présentant la vie quotidienne des vikings à Dublin, mais nous n’irons pas le visiter.

Lors de notre deuxième journée à Dublin, nous nous rendons au château de Dublin, situé dans le cœur de la ville historique. Il s’agit en effet du site d’installation des premiers Vikings en Irlande. Le roi Jean fit construire un château Normand à la place du camp viking en 1204. Le château de Dublin fut le siège de la domination anglaise puis britannique en Irlande jusqu’en 1922 ; aujourd’hui, le château sert à recevoir les visites d’Etat. La forteresse médiévale fut en partie détruite lors d’un incendie en 1684, c’est pourquoi on peut être un peu déçu de l’aspect extérieur, qui ne ressemble guère à un château. L’essentiel des bâtiments, d’architecture géorgienne, datent des 18e et 19e siècles. La tour poudrière (la partie la plus ancienne et la plus intacte du château) s’élève sur les vestiges des défenses d’origines du château viking où on peut visiter une portion des douves de 12 mètres de profondeur.

Pour terminer la page historique de Dublin, ne manquez pas le National Museum of Ireland – Archeology. Les multiples expositions archéologiques retracent l’évolution de la civilisation irlandaise depuis le Mésolithique jusqu’à l’époque médiévale mais présente également quelques collections annexes, comme l’Egypte Antique. Le musée est gratuit et très grand, prévoyez donc du temps si vous souhaitez le visiter en totalité. Comme il est organisé en galeries de différentes thématiques, il est aisé de ne cibler que celles qui intéressent. La galerie sur l’époque médiévale traite de la vie des Vikings après leur arrivée en Irlande et de la division de la société médiévale entre les nobles, le clergé et les travailleurs.


Le long de la Liffey

Après avoir piétinés dans les musées et déambulés dans les ruelles de la vieille ville, il peut être agréable de prendre l’air et de se dégourdir les jambes. Les longues promenades de long de la Liffey sont un excellent endroit pour découvrir un autre aspect de la ville.

La Liffey est un long fleuve de 125 km qui prend sa source dans les montagnes de Wicklow et qui se jette dans la mer d’Irlande, en passant par Dublin et en la coupant en deux. Au Sud de la Liffey, on trouve le vieux Dublin et la majorité des monuments historiques et des musées. Au Nord de la Liffey se trouve une zone plus industrielle et commerçante, avec l’imposante O’Connell Street, ainsi que de nombreux bâtiments administratifs de style néoclassique. Comme par exemple, la Custom House, qui est l’ancien hôtel des Douanes achevé en 1791. Cet imposant édifice néoclassique est le plus grand de Dublin et a failli disparaitre lors d’un incendie pendant la guerre d’indépendance au début du 20e siècle. Nous ne nous sommes pas attardés sur les quartiers Nord de la Liffey, mais si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous sur mon premier article lors de mon précédent voyage.

Un peu plus loin, un mémorial a été érigé à la mémoire des Irlandais victimes de la Grande Famine de 1847 : le Famine Memorial. Cet ensemble de sculptures représentant des irlandais affamés, amaigris et en guenilles est émouvant et transmet bien leur souffrance. D’ailleurs, pour ceux qui souhaitent en apprendre plus sur ce sujet, le musée EPIC The Irish Emigration Museum, se trouve juste un peu plus bas et est dédié à l’émigration irlandaise et à sa diaspora disséminée dans le monde. Fuyant la Grande Famine, la misère et la pauvreté, les irlandais embarquaient pour des traversées dangereuses en quête d’une meilleure vie aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie.

Sur le même thème, et navire que vous ne pouvez pas manquer, se trouve sur les quais de la Liffey le magnifique trois-mâts du Jeanie Johnston. Il s’agit d’une réplique d’un navire ayant existé au 19e siècle et ayant transporté des immigrés Irlandais fuyant vers l’Amérique. Ce musée permet de se plonger dans l’univers angoissant de ces longues traversées. En tant que grande passionnée d’histoire, je n’avais pas manqué sa visite en 2012. Pour en savoir plus, c’est par ici.

Une balade le long de la Liffey permet également d’admirer ses innombrables ponts l’enjambant. Le Ha’Penny Bridge, le seul pont piéton de Dublin, relie le quartier du Temple Bar à O’Connell Street, ce qui fait de lui une des principales artères de la ville. Le pont à haubans Samuel Beckett est quant à lui un chef d’œuvre architectural, avec sa forme semblable à une harpe celtique. Baptisé en l’honneur du célèbre écrivain irlandais, il a été inauguré en 2009. Il offre une image beaucoup plus moderne de Dublin, notamment avec le renouveau des docks, où la rénovation urbaine se démarque par son excentricité.


Les pubs animés de Dublin

Que vous soyez fêtards (ou non), adeptes de bières (ou non), vous ne pouvez pas manquer un passage par les pubs de Dublin. D’une part, l’ambiance est toujours au rendez-vous, les concerts de musique live sont légions et il n’y a pas beaucoup de difficulté pour dénicher un pub animé où les chants se font entendre. Le quartier du Temple Bar est réputé dans ce domaine. Il s’agit d’un ancien quartier d’entrepôts et de magasins réhabilités ; aujourd’hui très animé et très fréquenté grâce à ses nombreux pubs, restaurants, discothèques et centres culturels.

Pour les plus téméraires, de nombreux pubs ou tours operateurs proposent du Pub Crawling : un guide vous fait visiter plusieurs pubs dans la soirée selon un itinéraire prédéfini. Certains sont thématiques, comme le plus connu, le Dublin Literary Pub Crawl, qui conduit dans les pubs de l’histoire littéraire de Dublin, ou encore un circuit à thématique musicale comme le Dublin Traditional Irish Musical Pub Crawl. Et comme il en faut pour tous les goûts, des circuits de dégustation de whisky irlandais se sont également développés.

Mais, si vous chercher plutôt la tranquillité, il suffit de s’éloigner un peu du centre et de rentrer dans un pub peut-être un peu moins touristique mais néanmoins chaleureux. En Irlande, il est d’usage de partager sa table dans les pubs, ce qui est propice aux rencontres. L’autre avantage des pubs est qu’ils sont nombreux à proposer un espace restauration plutôt bon marché où vous trouverez des plats typiques, et réconfortants. Les Irlandais sont de bons vivants et cela se ressent également sur les écriteaux, enseignes et publicités des pubs, où l’humour est toujours de mise.

Moi ?! Toujours partante pour découvrir les bières des pays que je visite. Cheers !


Le Dublin littéraire

Dublin est une capitale résolument littéraire, de grands écrivains s’y sont côtoyés ; les rues et les ponts portent les noms de ces écrivains célèbres ; des clins d’œil se cachent à chaque coin de rue.

Pour cette deuxième journée à Dublin, nous n’avons donc pas manquer cet incontournable : la visite de Trinity College et sa vieille bibliothèque abritant le célèbre Book Of Kells. J’avais déjà réalisé cette visite lors de mon premier voyage à Dublin, mais la majestuosité de la Old Library et l’exposition sur les enluminures est vraiment intéressante, pour peu qu’on s’intéresse à l’art et à l’histoire. Trinity College fut fondée par Elizabeth 1er en 1592 et est un des symboles de la domination culturelle anglaise. Toujours en activité, de célèbres écrivains l’ont fréquenté, comme Oscar Wilde, Bram Stoker ou Samuel Beckett. Une balade dans les cours de Trinity College vaut le détour pour admirer les différents bâtiments d’époques diverses : 17e, 18e, 19e siècles.

L’accès à la Old Library est payant et il est conseillé de réserver son billet à l’avance car l’attente peut être très longue sinon. Il s’agit d’une des plus importantes bibliothèques des îles britanniques : depuis 1800, un exemplaire de chaque publication imprimée dans le Commonwealth y est envoyé. L’exposition du rez-de-chaussée présente l’origine des manuscrits et l’art de l’enluminure irlandaise ; puis on accède aux originaux de plusieurs ouvrages d’évangiles, dont The Book Of Kells connu pour son enluminure fait de symboles animaliers entrelacés. Enfin, la visite se termine par la vieille bibliothèque, une magnifique galerie voûtée où s’alignent des rayonnages encombrés d’ouvrages anciens.

Il serait difficile de lister toutes les références aux écrivains présents dans différents lieux de Dublin. En se promenant autour de Trinity College et en direction du parc de St Stephen’s Green, nous avons trouvé les maisons de Bram Stoker, sur Kildare street, et d’Oscar Wilde, en face du parc Merrion Square (où une statue d’Oscar Wilde s’y cache). Celle de Bram Stoker ne se visite pas mais une plaque commémorative permet de l’identifier. Bram Stoker est nait à Dublin en 1847, et c’est au Trinity College qu’il se plonge dans le monde des lettres. La maison d’Oscar Wilde était quant à elle l’épicentre de la vie culturelle de Dublin. La mère d’Oscar était poète, écrivaine et traductrice et tenait dans sa maison un salon hebdomadaire regroupant artistes, poètes, philosophes et politiciens. Elle devint une héroïne du peuple irlandais pendant la grande famine avec ses éditoriaux pour le journal radical The Nation. Oscar Wild et Bram Stoker étaient de grands amis, et Oscar a également étudié à Trinity College après 10 ans d’études à domicile.

En seulement deux jours et avec d’autres points d’intérêts à voir, il est difficile d’approfondir une thématique. Mais, si vous êtes passionnés de littérature et de grands écrivains, Dublin vous ravira. Ne manquez pas le Museum of Literature Ireland (MoLi) qui présente les plus grands écrivains et poètes irlandais. Bien d’autres musées existent, sur l’imprimerie ou le poète James Joyce, ou encore de multiples librairies indépendantes, cafés ou pubs littéraires. Si vous êtes plus tournés vers les manuscrits et l’histoire, la bibliothèque Chester Beatty est un incontournable pour découvrir une collection impressionnante de manuscrits et de livres du monde entier.


Balade dans St Stephen’s Green

Si vous êtes à la recherche d’un grand espace vert à Dublin où prendre l’air, pique-niquer et se détendre, le parc de St Stephen Green est l’endroit idéal. Avec ses 9 hectares et situé à deux pas du centre historique et au bout de la rue commerçante de Grafton Street, il est facilement accessible. Nous terminerons nos deux jours à Dublin par ce petit bol d’air frais, qui nous donnera un avant goût des paysages et de la verdure irlandaise.

Ce parc victorien est resté dans son jus du 19e siècle. A l’origine, la zone servait de pâturage pour le bétail et se trouvait en bordure de ville, mais face à l’urbanisation grandissante, le gouvernement a décidé d’y faire construire un parc en 1664 afin de conserver une zone de verdure. Cela attira des promoteurs et des bâtisses de style géorgien furent construites tout autour.

Au 19e siècle, le parc fut réaménagé dans un style victorien. On y trouve un grand lac artificiel, quelques cascades et une île, un jardin floral victorien, une grande aire de jeux, des promenades boisées. Statues, fontaines et kiosque agrémentent la balade. Le parc abrite également de nombreuses espèces d’oiseaux et une flore diversifiée. Il y a même un jardin pour aveugle avec des panneaux en braille pour indiquer les différentes espèces de plantes présentes. Il ne nous manquera malheureusement que le soleil lors de cette balade, mais le parc est vraiment agréable et parfait pour se détendre après le tumulte de la ville.


Savez-vous que la série Game Of Thrones fait un clin d’œil (assez évident pour ceux connaissant la ville) à Dublin ? Et notamment à une chanson populaire liée à la figure féminine de Molly Malone ?

La chanson Molly Malone, aussi appelée « Cockles and Mussels », parle d’une jeune et belle marchande de fruits de mer, poussant son chariot dans les rues de Dublin et vendant aux passants ses coquillages, mais qui finit par mourir d’une fièvre. C’est une jeune femme du 17e siècle ; une version raconte qu’elle serait poissonnière la journée et fille de joie la nuit ; tandis qu’une autre version raconte qu’elle serait la dernière vendeuse ambulante encore chaste.

In Dublin’s fair city,
where the girls are so pretty,
I first set my eyes on sweet Molly Malone,
As she wheeled her wheel-barrow,
Through streets broad and narrow,
Crying, « Cockles and mussels, alive alive oh! »


« Alive-a-live-oh,
Alive-a-live-oh »,
Crying « Cockles and mussels, alive alive oh ».

wikipedia.org

Bien qu’on ignore si le personnage de Molly Malone ait réellement existé ou non, une statue commémorative a été érigé et se trouve aujourd’hui prés de l’église St Andrews à Dublin. C’est un des hymnes non officiel de Dublin et elle est chantée par les supporters de l’équipe de Dublin du GAA (Gaelic Athletic Association).

Dans l’épisode 8 de la saison 5 de Game Of Thrones, Arya Stark se retrouve en vendeuse de coquillages dans les rues de Braavos. Sa robe, sa coiffure et surtout sa façon d’appâter le chaland fait largement référence au personnage de Molly Malone.


Et vous, quels sont vos incontournables à voir ou à faire à Dublin ?
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